Dix récits des Amériques

Photo: Marie-France Coallier Le Devoir

Les indignes, Agustina Bazterrica

Dans un futur flou, au sein de la Maison de la Sororité sacrée, les coups de fouet de la Sœur supérieure rythment le quotidien strictement réglé des « indignes », de jeunes femmes qui luttent entre elles pour rejoindre les rangs des « Illuminées ». Une de ces femmes raconte son histoire à travers son journal à ses risques et périls, tout en évoquant ses souvenirs d’avant l’effondrement du monde. Avec Les indignes, l’écrivaine argentine Agustina Bazterrica (Cadavre exquis, 2019) imagine une cruelle et terrifiante dystopie qui sonde les croyances, les règles et les hiérarchies qui régissent nos sociétés humaines.

Flammarion, le 23 janvier

Le Tout, Dave Eggers

Après Le Cercle (2016), qui abordait sur le mode de la dystopie l’Internet et les questions de transparence et de vie privée, l’Américain Dave Eggers nous propose en quelque sorte la suite à travers un nouveau roman d’anticipation qui se saisit une fois encore d’enjeux brûlants et contemporains. Dans Le Tout, il imagine une multinationale monstre née de la fusion du Cercle, détenteur mondial des réseaux sociaux, avec un géant du commerce en ligne. Le Tout a pour objectif de prendre le contrôle de nos cerveaux à coups de nouvelles technologies aliénantes. Une jeune femme parvient à s’y faire embaucher et se mettra à concevoir les applications les plus infâmes possible en espérant que la population se révolte enfin.

Gallimard, le 19 février

Les terres indomptées, Lauren Groff

L’Américaine Lauren Groff (Les furies, Matrix) renoue avec la fiction historique au féminin dans Les terres indomptées, son cinquième roman, qui nous plonge en 1610 dans la Virginie coloniale. Dans ce roman à la prose biblique et incantatoire, on suit l’évasion périlleuse d’une servante sans nom dans la nature pendant la terrible famine de Jamestown. Un roman immersif, qui mélange dit-on aventure et mysticisme, qui explore des thèmes de survie, de résilience et de relation humaine à la nature.

Alto, le 18 février

À lire aussi

Un jeu sans fin, Richard Powers

À Makatea, une île oubliée du Pacifique, une entreprise américaine envisage d’implanter sa base pour ce qu’elle croit être la prochaine grande aventure de l’humanité : la construction de villes flottantes. Tandis que la population est divisée par le projet, les destins d’un milliardaire pionnier de l’intelligence artificielle et d’une scientifique adepte de plongée sous-marine vont se croiser. Un jeu sans fin, le quatorzième roman de Richard Powers (Au temps où nous chantions, L’arbre-monde), mélange changements climatiques, intelligence artificielle et relations humaines, en nous poussant à réfléchir à l’impact des avancées de l’IA sur les modes de vie traditionnels.

Actes Sud, le 6 mars

Étude pour l’obéissance, Sarah Bernstein

Lauréate du prix Scotiabank Giller en 2023 avec Étude pour l’obéissance, son second roman, Sarah Bernstein, une Montréalaise d’origine qui vit aujourd’hui dans les Highlands, en Écosse, racontera l’histoire d’une femme qui s’installe dans un pays nordique, d’où ses ancêtres ont été chassés, pour s’occuper de son frère récemment divorcé et de sa maison. Son arrivée coïncide avec des événements troublants qui vont pousser la communauté locale à la regarder avec méfiance. Un roman qui explore les préjugés, les dynamiques de pouvoir et l’influence de l’histoire. « Une fable inquiétante où la vérité se lit entre les lignes », nous assure l’éditeur.

Alto, en librairie

Le temps d’après, Jean Hegland

L’Américaine Jean Hegland nous revient avec une suite à son best-seller Dans la forêt (Gallmeister, 2017, adapté au cinéma par Patricia Rozema), roman sensuel et puissant qui racontait les péripéties de deux sœurs adolescentes, Nell et Eva, qui devaient apprendre à vivre seules en symbiose avec les éléments dans une forêt du nord de la Californie après l’effondrement de la civilisation. Le temps d’après nous entraîne quinze ans plus tard, alors qu’Eva et Nell refusent encore tout contact avec le monde d’avant, tandis que leur fils adoptif « brûle de curiosité pour ces humains qu’il ne connaît que par leurs histoires ».

Gallmeister, le 5 février

Le lac de la création, Rachel Kushner

Dans Le lac de la création, quatrième roman de l’Américaine Rachel Kushner (Les lance-flammes), née dans l’Oregon en 1968, une ex-agente du FBI est envoyée par ses mystérieux employeurs pour infiltrer une communauté d’éco-activistes radicaux dans un village français entouré de grottes aux traces préhistoriques. Sa mission : inciter les militants du Moulin à franchir la ligne rouge et permettre ainsi une riposte judiciaire de l’État. Rattrapée par son passé, envoûtée par les écrits de Bruno Lacombe, ancien compagnon de route de Guy Debord et mentor charismatique de la communauté qui a rejeté le monde moderne, la femme risque de voir son pouvoir de séduction se retourner contre elle. Un thriller imprégné d’humour noir et d’enjeux politiques.

Stock, en mars

Mémoire céleste, Nona Fernández

Le 19 octobre 1973, cinq semaines après le putsch mené par le général Augusto Pinochet, un escadron de l’armée chilienne qui semait la terreur en opérant des raids dans tout le pays a conduit 26 prisonniers politiques dans le désert d’Atacama avant de les assassiner. En exhumant les traces de ces 26 victimes, l’écrivaine chilienne Nona Fernández s’est donné pour mission d’aborder la violence omniprésente au Chili qui peine toujours à être reconnue. Dans Mémoire céleste, elle entrelace son récit de réflexions sur l’astronomie, l’astrologie, les neurosciences, la mémoire et l’oubli, rappelle combien les idéologies racistes, sexistes et autoritaires menacent toujours la liberté et la démocratie.

Globe, le 19 mars

La danse et l’incendie, Daniel Saldaña París

À Cuernavaca, la ville où se situe Au-dessous du volcan, le roman de Malcolm Lowry, des incendies encerclent la ville et ses habitants. Dans ce climat étouffant, une jeune femme prépare une chorégraphie inspirée par les danses des sorcières et les épidémies de danse du Moyen Âge qui semblent vouloir se répéter désormais au Mexique. Lorsqu’elle retrouve deux de ses amis de l’adolescence, l’amitié, le désir, leurs envies créatives et la complexité du passé commun bouleverseront leur quotidien. La danse et l’incendie, du Mexicain Daniel Saldaña París, promet d’être un « roman audacieux, élégant et intrigant, qui joue avec le mythe et la réalité d’une ville qui pousse ses habitants vers la sortie, par l’un des jeunes écrivains mexicains les plus talentueux de sa génération ».

Métailié, en mars

La capitale des rêves, Heather O’Neill

Avec La capitale des rêves, la Montréalaise Heather O’Neill (Hôtel Lonely Hearts) change de géographie imaginaire et nous entraîne cette fois dans l’Élysée, petit pays d’Europe où règnent les poètes, les philosophes et les fées. Quand le pays est envahi par « l’Ennemi », la fille de l’illustre écrivaine Clara Bottom est chargée par sa mère de sortir clandestinement un manuscrit du pays. En compagnie d’une « oie douée de parole », la jeune femme devra affronter tous les dangers d’un pays en ruine, éprouvé par la guerre.

Alto, le 18 mars

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