Les diplômés étrangers davantage «sous-employés», selon une enquête nationale

Malgré cela, l’enquête indique que les diplômés internationaux et canadiens déclarent des niveaux de satisfaction au travail à peu près semblables.
Photo: Unsplash Malgré cela, l’enquête indique que les diplômés internationaux et canadiens déclarent des niveaux de satisfaction au travail à peu près semblables.

Les étudiants internationaux diplômés d’établissements canadiens sont plus susceptibles d’être sous-employés que leurs pairs canadiens, et bon nombre d’entre eux vivent donc avec des revenus moindres.

L’enquête nationale de Statistique Canada auprès des diplômés a examiné le taux d’emploi de plus de 83 000 étudiants internationaux diplômés en 2020, qui sont restés ensuite au Canada et qui n’ont pas poursuivi d’études.

L’enquête indique qu’un peu plus d’un tiers des diplômés internationaux titulaires d’un baccalauréat occupaient des emplois nécessitant effectivement un diplôme universitaire, contre 60 % chez leurs pairs canadiens.

Selon Statistique Canada, cela peut expliquer pourquoi le revenu annuel médian des étudiants internationaux titulaires d’un baccalauréat est inférieur de 20 % au niveau médian de tous les diplômés canadiens.

L’enquête a également révélé que les diplômés internationaux sont plus de trois fois plus susceptibles de travailler dans les secteurs des ventes et des services que leurs homologues canadiens.

Malgré cela, l’enquête indique que les diplômés internationaux et canadiens déclarent des niveaux de satisfaction au travail à peu près semblables.

André Côté, directeur des politiques publiques et de la recherche à The Dais, un groupe de réflexion de l’Université métropolitaine de Toronto, souligne que les nouveaux diplômés internationaux qui arrivent sur le marché du travail peuvent manquer d’« expérience canadienne », ce qui peut constituer un obstacle.

« Un facteur important pour obtenir un emploi est souvent votre réseau, qui vous permet d’être mis en contact avec des opportunités lorsque vous entrez dans le processus de recrutement. De plus, les employeurs cherchent souvent à savoir si les gens ont des expériences canadiennes pertinentes dans leur CV », a déclaré M. Côté.

« Le défi pour les étudiants étrangers nouvellement arrivés au Canada, c’est qu’ils n’ont souvent pas ces expériences sur leur CV », a-t-il ajouté.

Au début de l’année, M. Côté a coécrit un rapport invitant les gouvernements et les établissements d’enseignement supérieur à revoir la gestion des programmes destinés aux étudiants étrangers, après la réduction importante du nombre de visas d’étudiants qui seront octroyés au cours des deux prochaines années.

Le rapport recommandait de mettre en place davantage de mesures pour aider les étudiants étrangers à démarrer leur carrière.

« Les universités et les établissements d’enseignement supérieur devraient en faire beaucoup plus. Ces étudiants paient des frais considérables pour pouvoir étudier ici. Nos institutions peuvent certainement en faire plus pour les préparer à réussir dans leur vie professionnelle », a-t-il affirmé.

Le rapport de M. Côté indique que trop d’étudiants étrangers suivent des formations commerciales générales au lieu de se tourner vers des secteurs comme celui de la santé, où il manque de personnel.

Les diplômés internationaux représentaient 24 % de l’ensemble des étudiants ayant terminé un programme d’études postsecondaires en 2020.

L’écart de revenus entre les récents diplômés étrangers et canadiens est important, mais il semble diminuer à moyen et à long terme.

M. Côté a cité une étude réalisée en janvier 2020 par le Conseil de l’information sur le marché du travail, qui a suivi les données fiscales des diplômés postsecondaires de 2010. Cette étude a révélé un écart de 21 % entre les revenus moyens des étudiants canadiens et internationaux un an après l’obtention de leur diplôme, mais a montré que cet écart diminuait à 9 % cinq ans après la fin des études.

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