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Lecteur «occasionnel» du quotidien, Léonard Minh Anh Langlois a cependant un intérêt marqué pour la politique et les textes d’opinion du média.
Photo: Adil Boukind Le Devoir Lecteur «occasionnel» du quotidien, Léonard Minh Anh Langlois a cependant un intérêt marqué pour la politique et les textes d’opinion du média.

Léonard Minh Anh Langlois demeure toujours à l’affût de l’actualité, mais il est bien de son temps. À 36 ans, c’est sur son téléphone qu’il lit Le Devoir et consulte d’autres médias pour se tenir informé.

Diplômé en sciences de l’atmosphère à l’Université McGill et actuellement employé chez Hydro-Québec, Léonard Langlois s’intéresse particulièrement à la politique canadienne et à la politique américaine. S’il s’informe sur plusieurs plateformes et se décrit comme un lecteur « occasionnel » du Devoir, il aime bien se plonger dans les dossiers fouillés en marge de l’actualité, les textes d’opinion et les chroniques du quotidien fondé en 1910. Celles de Josée Blanchette et de Nathalie Plaat, notamment. « C’est un des rares espaces où ce n’est pas juste du commentaire écrit sur le coin d’une table. J’aime le contenu où il y a de la discussion », explique-t-il. Et il a un faible pour les caricatures de Godin. « Il est excellent. »

Le journalisme de données attise aussi sa curiosité. « J’aime bien le travail qui permet d’interpréter des données sur les élections, par exemple, ou d’autres types de visualisation », dit-il.

Léonard Langlois a séjourné pendant quatre ans à Boston, de 2011 à 2015, pour occuper un emploi. C’était notamment l’époque des protestataires de Occupy Wall Street. Son exil ne l’a pas empêché de se tenir informé sur la politique québécoise sous le règne de Jean Charest, alors au pouvoir, et le mouvement des carrés rouges. « Au début, j’étais un peu ambivalent face aux carrés rouges, mais en voyant comment le gouvernement réagissait, j’ai commencé à développer une certaine sympathie pour la cause. »

Ce séjour dans un bastion démocrate lui a permis de s’immerger dans la culture américaine et aujourd’hui, il regarde le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis avec un mélange d’appréhension et de réalisme. « Il nous a beaucoup habitués à ses déclarations grandiloquentes et provocatrices, alors qu’après ça, il ne se passe pas grand-chose. Tout le monde prend ça avec un grain de sel. Mais quand il parle des tarifs sur l’exportation — on exporte de l’électricité aux États-Unis —, ce n’est pas théorique comme menace. »

Il juge toutefois la réaction des politiciens canadiens trop timides face à Trump. « Je trouve que la réaction de la classe politique au Canada a été très molle. Je me suis surpris à être d’accord avec des politiciens avec lesquels je suis rarement d’accord, comme Doug Ford ou Jean Charest. » Le premier ministre ontarien a déclaré qu’il cesserait l’approvisionnement énergétique des États-Unis si Donald Trump mettait à exécution sa menace concernant l’imposition de tarifs sur les produits canadiens. De son côté, l’ancien premier ministre québécois a fait valoir qu’il ne fallait pas céder au « bluff » de Donald Trump à ce sujet.

Un discours polarisant

Fils d’une immigrante, Léonard Minh Anh Langlois est aussi attentif aux décisions en matière d’immigration.

« Je suis très Québécois. Mon nom de famille, c’est Langlois », dit-il. « Mais en même temps, ma mère est issue de l’immigration. » Ce qui le préoccupe, c’est entre autres la décision récente du gouvernement du Québec de suspendre temporairement le programme de parrainage de réfugiés. « Quand j’ai lu la nouvelle, je me suis dit : une chance que ce n’est pas arrivé dans les années 1970 ou 1980, parce que la famille de ma mère ne serait pas ici. »

Il relate que son oncle est arrivé au Québec avant la chute de Saïgon et la grande vague migratoire en provenance du Vietnam. Après avoir fondé une famille, cet oncle a parrainé les membres de sa famille du côté maternel pour permettre leur installation au Québec.

Les intentions de Donald Trump concernant l’expulsion massive de sans-papiers, ainsi que les décisions des gouvernements fédéral et provincial en matière d’immigration, comme la mise sur la glace du programme de parrainage et le resserrement du recours aux travailleurs étrangers temporaires, ne le laissent pas indifférent. « Ce ne sont pas les mesures prises individuellement qui sont préoccupantes, c’est l’ensemble du discours qui sous-tend la pression pour ces actions », dit-il en admettant que le gouvernement fédéral ait peut-être mal géré l’immigration. Reste que cette perte de contrôle a été « instrumentalisée » pour servir un discours polarisant, souligne-t-il.

« Je ne dis pas qu’il ne faut pas avoir de débat. Il faut qu’on en parle, mais je pense qu’il y a des politiciens qui utilisent ce discours de façon opportuniste. »

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