Les déplacés du Soudan subissent famine et violences sexuelles
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Coopération internationale
Développement et Paix déploie des efforts afin de soutenir les survivants de la guerre civile qui sévit actuellement au Soudan. Par le biais de deux programmes, l’organisme cible notamment la faim et les violences basées sur le genre et agit en faveur d’un déblocage de l’aide humanitaire.
Depuis deux ans, le Soudan est le théâtre d’affrontements entraînant une crise humanitaire ayant déjà déplacé plus 12 millions de personnes. Il s’agit de l’une des pires crises de déplacement au monde, selon plusieurs organismes. Alors que près des deux tiers de la population ont besoin d’aide humanitaire, la situation est qualifiée par les Nations unies de « cauchemar », rappelle Dominique Godbout, chargée de programmes humanitaires pour Développement et Paix. Cet organisme humanitaire canadien était déjà présent au Soudan avant que le conflit n’éclate en avril 2023 et déploie désormais deux programmes visant à soutenir la population locale. Il n’envoie cependant pas de coopérants sur le terrain, précise Mme Godbout, et travaille plutôt avec des groupes et des organisations soudanaises et étrangères.
Famine et violences
Comme le rappelle Dominique Godbout, la famine est le problème le plus inquiétant auquel fait face la population locale. Dans ce contexte, lutter contre la faim est une priorité. Actuellement, un Soudanais sur deux éprouve en effet des difficultés à se nourrir, et la famine a été confirmée dans cinq régions du pays, tandis que sept autres sont menacées dans les mois à venir. « C’est la forme la plus grave de crise alimentaire », affirme la chargée de programmes humanitaires. « Cela veut dire qu’il y a une pénurie extrême de nourriture et que les gens meurent de faim. » Au regard de cette situation, le projet en nutrition financé par la Banque canadienne de grains, qui prendra fin en février, sera sans doute renouvelé, car la crise alimentaire s’accentue, précise-t-elle.
En raison des frappes aériennes et de la criminalité, le conflit en cours expose les civils à des risques pour leur sécurité. L’utilisation de la violence sexuelle et sexiste comme arme de guerre est également « très répandue et très préoccupante », affirme Dominique Godbout. Elle est « de plus en plus utilisée à grande échelle par les deux côtés ». Cette violence basée sur le genre se manifeste par des viols collectifs, de la torture, de l’esclavage sexuel, des mariages forcés ou encore la traite d’humains. Un deuxième programme de Développement et Paix, financé par Affaires mondiales Canada, est en cours au Soudan. Il permet de fournir des espaces sécurisés pour les femmes et les filles, où elles peuvent obtenir du soutien psychosocial et être dirigées vers des services médicaux si nécessaire. Elles y reçoivent également des trousses de dignité comprenant des vêtements, des articles de première nécessité et des articles pour la santé menstruelle.
L’accès à l’aide humanitaire bloqué
Au Soudan, l’accès à l’aide humanitaire est souvent bloqué par les belligérants, qui l’instrumentalisent, ce qui rend difficile la distribution de produits en nature. C’est la raison pour laquelle l’aide financière est particulièrement importante. Les individus concernés préfèrent en outre recevoir de l’aide en espèces, car ils peuvent ainsi décider eux-mêmes de la façon dont ils l’utilisent, plutôt que de recevoir des produits ne répondant pas toujours à leurs besoins immédiats, explique Dominique Godbout.
Développement et Paix agit également par l’entremise du plaidoyer en faveur d’un cessez-le-feu et d’un meilleur accès à l’aide humanitaire. Pour ce faire, l’organisme effectue des demandes d’augmentation des financements et appelle à exercer des pressions diplomatiques en collaboration avec d’autres organismes canadiens. Il collabore en effet avec des partenaires sur le terrain et organise des rencontres, y compris avec le gouvernement du Canada, ainsi que d’autres organismes canadiens. En plus d’être membre de Coopération Canada, Développement et Paix fait partie d’un groupe d’organisations travaillant au Soudan, ce qui favorise l’échange d’informations, notamment quant aux messages à transmettre à propos du conflit. À cet effet, le groupe a déjà rencontré le gouvernement du Canada et rapporte les informations de terrain à Affaires mondiales Canada.
Sur le terrain, des forums de rencontres sont également organisés avec les Nations unies dans le but de rendre compte du blocage de l’aide humanitaire. Ce n’est pas chose aisée, raconte Mme Godbout, car « les belligérants n’ont pas d’intérêt pour les solutions politiques, les deux côtés pensent pouvoir l’emporter par des solutions militaires ».
Le simple fait de parler de cette crise, souvent qualifiée de « plus négligée au monde », peut déjà soutenir les efforts déployés par les organismes humanitaires, conclut-elle.
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