Les débarcadères pour le transport adapté sont-ils bien déneigés?

La neige a neigé. La Montréalaise Marie Turcotte se souvient qu’il est tombé une dizaine de centimètres le 5 décembre. Elle a téléphoné vers 17 h 30 au 311, un service de la Ville, pour faire nettoyer le débarcadère devant chez elle. C’est une nécessité absolue pour le transport adapté à son fauteuil roulant, car les véhicules spécialisés (joliment baptisés « ambulettes » aux États-Unis) ont besoin d’un trottoir bien nettoyé pour abaisser leur rampe d’accès.
On lui a promis que ce serait fait et bien fait dans les 48 heures. « Finalement, personne n’est passé et c’est quelqu’un de mon entourage qui a fait la job », raconte la résidente de Rosemont au Devoir. Il est retombé une dizaine de centimètres de neige le 8 décembre. Le 10, et encore le 11, Mme Turcotte a demandé un nettoyage et, encore une fois, personne n’est venu. « Après ça, il s’est mis à pleuvoir, et c’est donc dame Nature qui a réglé le problème. »
Son débarcadère a par contre été dégagé le 24 décembre après une nouvelle bordée et deux requêtes au 311. « C’était peut-être mon cadeau de Noël », dit-elle en rigolant un peu.
Le service a aussi été assez rapidement offert après de nouvelles chutes de neige en janvier. « Quand tu appelles, c’est pour un besoin immédiat », explique Mme Turcotte en donnant l’exemple d’un rendez-vous médical ou d’une présence nécessaire au travail. Les blocages du début du mois de décembre l’ont d’ailleurs empêchée de se rendre au bureau.
Marie Turcotte est directrice générale de l’organisme Ex aequo, fondé en 1980 pour promouvoir et défendre les droits des personnes vivant avec une déficience motrice. « Comme tout le monde, j’ai le droit à un trottoir déblayé », résume-t-elle.
Celle qui est aussi porteuse du dossier des transports au sein de l’organisme connaît très bien les arcanes de la Ville. Depuis décembre, elle a déposé deux plaintes auprès de l’Ombudsman de Montréal. Ce sont les deux seules plaintes à ce sujet qui ont été enregistrées par l’organisme chargé de traiter les récriminations des citoyens au sujet des services municipaux.
L’Ombudsman de Montréal a par contre reçu assez de plaintes au sujet du déblaiement des débarcadères lors des cinq dernières années pour mener une enquête en 2023. Il existe environ 400 espaces du genre dans 19 arrondissements de la Ville. Le rapport qui en a émergé recommandait à la Ville de Montréal de déneiger les espaces spécialisés en continu, dès la chute de 5 cm de neige, avec des équipes y étant vouées. Il demandait aussi aux arrondissements de mettre les débarcadères aux normes, en les agrandissant tous à une longueur de 7 m et en les balisant adéquatement.
« On respecte nos normes »
L’organisme chargé de traiter les récriminations des citoyens notait en décembre dernier que la Ville de Montréal et ses arrondissements avaient déjà « respecté leurs engagements ». Le maire de l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, celui de Mme Turcotte, l’a répété en entrevue.
« Le déneigement des débarcadères va très bien, dit François Limoges. Selon nos dernières vérifications, on respecte notre norme : l’espace réservé doit être déblayé huit heures au maximum après la fin des précipitations. Et nous faisons les vérifications parce que c’est un nouveau projet. Nous sommes très contents. »
Le travail peut être fait par les cols bleus, mais les contrats pour ces besoins particuliers sont généralement accordés à de petits entrepreneurs. « Ça permet d’être très flexible dans l’offre », dit M. Limoges, qui est également l’élu responsable par intérim du déneigement à la Ville de Montréal. « On n’attend pas la demande de services : on dégage les espaces. »
La remarque de M. Limoges surprend Mme Turcotte. « Si tout va bien, alors je suis la seule malchanceuse avec ce service », dit-elle.
La mobilité inclusive constitue souvent le test par excellence pour évaluer la qualité du transport en commun, tout simplement parce que les équipements servant aux fauteuils roulants facilitent aussi grandement le transport de tous les usagers à mobilité réduite. Un ascenseur, par exemple, est également utile aux voyageurs avec des valises, aux personnes blessées temporairement, aux personnes âgées, aux parents et aux enfants dans leurs poussettes, etc. Le programme d’installation d’ascenseurs dans le métro de Montréal est maintenant au point mort.