Fourmi, scarabée et cigale sur le podium de Maxime Goulet

Dans le cadre de son annuel « Bal des enfants », l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM), dirigé par son directeur musical, Rafael Payare en personne, créait dimanche Le carnaval des insectes, sa première commande à Maxime Goulet.
Maxime Goulet est décidément l’homme des tempêtes. Lui, le compositeur de la Symphonie de la tempête de verglas est tombé sur une journée assez mémorable sur le plan météorologique pour la création de son Carnaval des insectes.
On commencera à tirer un grand coup de chapeau à tous ces parents et grands-parents qui ont bravé les éléments, dimanche, pour mettre en contact leurs (petits-) enfants avec la musique symphonique. On félicitera également l’OSM pour la qualité, la diversité et la richesse de l’animation pré et post-concert dans les foyers aux divers niveaux de la Maison symphonique.
Conte musical
Tout ce projet carnavalesque était bien ficelé, ce qui ne va pas de soi. Les projets d’éveil musical pour les enfants sont une matière très délicate. Il faut bien déterminer le volet d’âge du public cible et ensuite s’adresser correctement à lui. On se souvient, par exemple, de grands problèmes de littératie dans l’adaptation du Pelleteur de nuages de Simon Boulerice à l’OM.
Le programme autour du Carnaval des insectes a plusieurs avantages : il s’adresse à une tranche d’âge assez large (facilement 4-13 ans), a des vertus pédagogiques (les variétés d’insectes) et permet de réfléchir sur des questions sociétales bien plus larges (environnement, équilibre des écosystèmes). C’est quasiment plus du « théâtre musical » de l’auteur Marti Gougeon (au sens des contes de Fred Pellerin habillés de musiques), qu’un concert enrobé d’un petit « habillage narratif ».
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Cette part théâtrale est aussi partie intégrante de l’œuvre Le carnaval des insectes de Maxime Goulet. Car comme chaque insecte se présente (parfois, mais rarement, par deux, comme la cigale et la fourmi), la partie parlée est presque aussi importante en durée que le volet musical. Mais les textes, impliquant cinq acteurs, sont spirituels et accessibles sur plusieurs plans, et les costumes amusants.
Le spectaculaire
Si la vérité sort de la bouche des enfants, croyez-en ma petite-fille lorsqu’au moment de l’épisode du scarabée hercule, elle s’exclame : « Là, ça joue pour vrai ! » C’est une caractéristique que l’on remarque assez facilement : plus le morceau est spectaculaire et richement orchestré, plus il est fêté; la fourmi, avec son thème martial à la trompette et caisse claire, arrivant assurément sur le podium.
Exception intimiste notable : le solo de violoncelle de la cigale. Il est drôle de constater qu’une forme de « géologie musicale » a consacré certaines associations. Le violoncelle du Carnaval des animaux de Saint-Saëns célèbre le cygne avec une belle mélodie. Ici, il est sollicité dans le même sens pour la cigale. Autre mélodie : le hautbois, instrument utilisé à ces fins avec Gabriel’s Oboe chez Ennio Morricone, a ici un usage similaire.
À entendre les différentes explorations, on comprend Maxime Goulet lorsqu’il nous déclarait que de trouver les associations animaux-instruments l’avait beaucoup amusé. D’ailleurs, l’humour est très présent, avec la mouche, où Rafael Payare sort son tue-mouche (mais rate l’insecte plusieurs fois), et le moustique, où le chef fait semblant d’avoir été piqué.
Toutes ces vignettes sont réalisées avec esprit et savoir-faire. Ce serait bien de pouvoir les entendre de manière plus continue et concentrée. Peut-être existera-t-il un jour une version purement musicale.
Pour habiller le conte, avaient été choisis une transcription pour orgue de la Finale du Carnaval des animaux, le Scherzo du Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn, la Danse du rouet de Ma mère l’Oye, le Vol du bourdon et la fin de la 3e Symphonie de Saint-Saëns. Rafael Payare et les musiciens de l’OSM ont traité le tout avec le plus grand respect et sérieux.