«Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau»: irrésistible et résilient félin

«Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau» est une splendeur pour les yeux.
Photo: Enchante Films «Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau» est une splendeur pour les yeux.

Dans une forêt, un petit chat noir va son chemin, évitant les chiens et autres bêtes sauvages. Élisant domicile dans un cottage abandonné, l’animal solitaire voit un jour l’eau monter soudainement tout autour, engloutissant ce monde où il ne semble plus subsister d’êtres humains. Par chance, un petit voilier vient à passer près de l’animal sur le point de se noyer. Bientôt, toute une faune disparate cohabitera sur cette fragile arche dépourvue d’un Noé. Dénué de paroles, Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau est un long métrage d’animation par ordinateur 3D aussi poétique que captivant.

Au sujet de l’absence de dialogues, le réalisateur Gints Zilbalodis a de fait choisi de ne pas « anthropomorphiser » les animaux à l’écran. Le protagoniste, cet irrésistible chat noir, ne parle donc pas davantage qu’il ne se met à marcher sur deux pattes. En plus d’être rafraîchissant — Disney, Pixar et compagnie nous ayant habitués au cas de figure inverse —, ce parti pris accroît la dimension mystérieuse du film.

En effet, Zilbalodis laisse à dessein plusieurs questions périphériques en suspens, comme ce qu’il a bien pu advenir de l’humanité. Paradoxalement, les diverses espèces animales contraintes non seulement de cohabiter, mais de se solidariser afin de survivre, constituent une métaphore évidente de ladite humanité. La notion d’adaptation (minou apprendra à nager) est également centrale.

Pour autant, Zilbalodis ne succombe jamais au prêchi-prêcha, demeurant fermement arrimé au parcours mouvementé de ce chat certain de faire craquer quiconque aime les félins. Les personnes écoanxieuses voudront en revanche peut-être y penser à deux fois…

Photo: Enchante Films Les toiles de fond, qu’il s’agisse de la forêt au départ ou des impressionnants panoramas de cités à moitié submergées, jouissent d’un détail à la fois précis et impressionniste.

Complètement envoûtant

Dévoilé à Cannes dans la section Un certain regard, lauréat des prix du public et du jury au Festival international du film d’animation d’Annecy et candidat de la Lettonie pour l’Oscar du meilleur film international, Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau est une splendeur pour les yeux.

Les toiles de fond, qu’il s’agisse de la forêt au départ ou des impressionnants panoramas de cités à moitié submergées, jouissent d’un détail à la fois précis et impressionniste. C’est très particulier, et complètement envoûtant. Du film lui-même, on pourra en dire autant.

Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau (V.F. de Straume)

★★★★

Animation de Gints Zilbalodis. Scénario de Gints Zilbalodis, Matīss Kaža. Lettonie-France-Belgique, 2024, 85 minutes. En salle.

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