«Captain America: Brave New World»: comme un parfum de bon vieux temps

Anthony Mackie dans «Captain America: Brave New World»
Photo: Eli Adé Anthony Mackie dans «Captain America: Brave New World»

Ni très brave ni très nouveau, Captain America: Brave New World, coécrit et réalisé par Julius Onah (The Cloverfield Paradox), n’est ni un ratage ni une réussite. Mais en se concentrant sur ce qu’il raconte plutôt que sur ce qui sera raconté dans une suite (téléguidée), il rappelle l’époque où les héros — et leurs fans — étaient moins fatigués. Ça, ça fait du bien.

Intitulé en version française Capitaine America. Le meilleur des mondes (eh oui, dans la langue de Shakespeare comme dans celle de Molière, on reprend le titre de Brave New World d’Aldous Huxley… Message ?), c’est le quatrième volet de la meilleure série du Marvel Cinematographic Universe (MCU) — grâce à The First Avenger et, surtout, à The Winter Soldier ; et malgré Civil War.

C’est aussi le premier film dans lequel le très patriotique porteur de bouclier Steve Rogers, joué par un Chris Evans à la chevelure blonde et au regard bleu dans son incarnation MCUnienne, passe les armes à Sam Wilson, autrefois connu sous le nom de The Falcon et interprété par l’afro-descendant Anthony Mackie (message ?). Lequel a fait un travail formidable dès son entrée dans l’écurie Marvel et fait de même, ici, dans la peau d’un personnage connu pour être droit comme la justice (ou comme devrait l’être la justice), auquel il ajoute une couche d’empathie et d’humanité.

Autre passage d’armes : à la suite du décès de William Hurt, Harrison Ford enfile l’uniforme Thaddeus « Thunderbolt » Ross, général au caractère sanguin qui, quand il est vraiment « à boutte », se transforme en Red Hulk (on a vu ça en 2008 dans The Incredible Hulk de Louis Leterrier). En chef des forces armées, ça pouvait faire des dégâts. En président des États-Unis, puisqu’il vient d’être élu à la tête de la nation, ça peut faire bien pire (message ?). À 82 ans, l’acteur semble avoir un plaisir monstrueux dans ce rôle, qui lui permet même quelques répliques dignes d’Han Solo et d’Indiana Jones. Cet humour, que les concepts grandiloquents du MCU ont presque mis en voie d’extinction, fait du bien à (ré)entendre.

À quelle heure le punch ?

Rappelons que c’est ce personnage qui est à l’origine du démantèlement des Avengers (retour à Civil War des frères Russo, en 2016). D’où les doutes du nouveau Cap quand Ross lui confie une mission surprenante dans les circonstances. Avec un jeune Falcon à ses côtés (Danny Ramirez, complice en Joaquin Torres), Sam Wilson devient ainsi un… homme du président, lequel est par ailleurs entouré de femmes fortes et de grand pouvoir (message ?). Le superhéros se retrouve ainsi au cœur d’un conflit géopolitique aux dimensions planétaires. Au sein des tensions : l’adamantium, le plus résistant de tous les métaux, que l’on trouve sur le monumental cadavre du Céleste vaincu par les Éternels (on en a été témoins dans Eternals de Chloé Zhao en 2021), qui gît depuis dans l’océan Indien. Toutes les nations, on l’imagine, veulent leur part du gâteau.

Cette première partie, centrée sur des tensions mettant en péril l’ordre mondial, est des plus prometteuses. Mais le scénario pensé à cinq têtes a malheureusement tôt fait de rentrer dans les ornières que creusent depuis presque 17 ans les gros chars du MCU. Les combats défilent les uns après les autres. Entre eux, quelques apparitions de personnages aimés. Et des échanges pleins de bonnes intentions et de morale livrés avec énormément de cœur, comme si ces dernières étaient nouvelles (chapeau aux acteurs pour leur… sincérité). Ensuite, on retourne vite à l’heure du punch (ou, plutôt, des punchs).

Chapeau bas toutefois à Julius Onah et à ses chorégraphes de combats : les affrontements sont impressionnants, beaux et très « lisibles » (loin d’un fouillis de plus en plus commun dans le genre). Ils n’ont par contre ni l’originalité ni le spectaculaire auxquels nous ont habitués Anthony et Joe Russo (The Winter Soldier, Civil War, et les deux volets d’Avengers).

Bref, la flamme du MCU ne retrouvera pas sa puissance grâce à Brave New World, divertissement sympathique qui ne casse rien. Sauf peut-être la Maison-Blanche (ultime message ?).

Capitaine America. Le meilleur des mondes (V.F. de Captain America: Brave New World)

★★★

Film d’action de Julius Onah. Avec Anthony Mackie, Harrison Ford, Danny Ramirez, Shira Haas. États-Unis, 2025, 118 minutes.

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