Les Coops de l’information pourraient être absorbées par «La Presse»

En 2024, «La Presse» a annoncé vouloir bonifier sa couverture des enjeux des villes hors de Montréal, une déclaration qui avait d’emblée inquiété les médias des Coops de l’information.
Photo: Marie-France Coallier Archives Le Devoir En 2024, «La Presse» a annoncé vouloir bonifier sa couverture des enjeux des villes hors de Montréal, une déclaration qui avait d’emblée inquiété les médias des Coops de l’information.

La Presse pourrait absorber la Coopérative nationale de l’information indépendante (CN2i), un regroupement de médias régionaux, a annoncé CN2i dans un communiqué vendredi.

Les deux organisations de presse évaluaient depuis 2024 les différents modèles de collaboration possibles. Par voie de communiqué, Les Coops de l’information ont finalement annoncé vendredi qu’au terme des discussions, aucune option de partenariat n’a été jugée viable par les deux parties. Les membres de la coopérative ont été informés des résultats de l’évaluation vendredi.

Seule une possibilité a été retenue, celle de l’absorption de la CN2i par La Presse. En revanche, la coopérative a aussi affirmé être capable de subsister sans l’aide du média montréalais jusqu’au moins en 2026. Elle mettra sur pied un plan de redressement visant le retour à la rentabilité dans les prochaines semaines.

« J’aurais préféré un modèle de collaboration ou de partenariat », a expliqué au Devoir la directrice générale des Coops de l’information, Genevieve Rossier, qui ajoute que l’accès à l’information en région est « au cœur » de ses décisions. Elle a quand même tenu à préciser que La Presse avait agi « de bonne foi » dans les discussions, mais que toute collaboration aurait « fragilisé les opérations » de La Presse.

La firme de consultation indépendante Mallette a fait plusieurs propositions de modèles collaboratifs entre les médias, qui n’ont pas été jugées viables. L’absorption de CN2i permettrait à La Presse d’allier « la solidité de son modèle d’affaires à l’expertise des journalistes sur le terrain », a pour sa part affirmé Florence Turpault-Desroches, vice-présidente aux communications et à la philanthropie de La Presse. « L’objectif, c’est de voir comment assurer la pérennité du journalisme en région », a-t-elle continué.

Une concurrence accrue

Les Coops de l’information regroupent six journaux, soit Le Droit à Ottawa-Gatineau, Le Nouvelliste à Trois-Rivières, Le Quotidien au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Le Soleil à Québec, La Tribune à Sherbrooke et La Voix de l’Est à Granby.

En 2024, La Presse annonçait vouloir bonifier sa couverture des enjeux des villes hors de Montréal, une déclaration qui avait d’emblée inquiété les médias des Coops de l’information. La présence de La Presse dans les villes où sont implantés les journaux de CN2i laissait planer la possibilité d’une guerre commerciale entre les médias, qui finiraient par se battre pour les revenus publicitaires et le lectorat.

Pour tenter de trouver une solution, une étude exploratoire avait été lancée en août 2024 entre les deux parties. L’objectif étant de « consolider leur mission d’information » et de trouver des manières de collaborer pour « renforcer l’écosystème d’information au Québec et au Canada français ». L’annonce de vendredi est le résultat de cette étude exploratoire.

Une décision imminente

En temps et lieu, ce sera aux membres de la coopérative de décider de l’avenir de l’organisation. La décision de liquider Les Coops de l’information devra être cautionnée par 75 % des membres lors d’une assemblée. Or, dans le plan proposé par le média montréalais, pour l’instant, seuls les postes des journalistes seraient conservés. Ceux-ci représentent quelque 58 % des membres (145 employés sur environ 250). Certains actifs pourraient aussi être acquis, de même que quelques autres postes et employés.

Aucune entente n’a été clairement rédigée et les deux partenaires peuvent encore se retirer. Les discussions « confidentielles » et « non contraignantes » se poursuivent entre les parties. « En bout de ligne, à quoi ça va ressembler, on ne le sait pas encore », a précisé Mme Turpault-Desroches, de La Presse.

D’ici la prise de décision, les activités des médias régionaux continueront comme à l’habitude. « Nous poursuivons notre couverture des enjeux régionaux avec passion et professionnalisme », ont-ils écrit.

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