Appel à transformer la Clinique médicale Angus en coop

La Fédération québécoise des coopératives de santé (FQCS) appelle élus, médecins et citoyens à se mobiliser pour transformer en coop la Clinique médicale Angus, qui a été mise en vente, a appris Le Devoir. Une transition vers ce modèle à but non lucratif assurerait la pérennité de l’endroit, estime le regroupement.
La clinique de l’arrondissement montréalais de Rosemont–La Petite-Patrie est l’une des plus grandes du Québec. Avec ses 36 omnipraticiens et 64 médecins spécialistes, elle prend en charge 30 000 personnes. À cela s’ajoutent environ 20 000 visites de patients non inscrits chaque année. Les soins qui y sont offerts sont remboursés par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ).
En novembre dernier, La Presse rapportait que la clinique avait été mise en vente par son propriétaire, l’entreprise Tootelo, en raison des coûts d’exploitation devenus trop élevés. « Cette situation n’est pas sans provoquer, à juste titre, de l’inquiétude et de l’anxiété chez les patients et le personnel de l’endroit », note François Allaire, directeur de la FQCS, dans une lettre ouverte transmise au Devoir.
Afin d’assurer un avenir stable à la clinique, il est d’avis qu’elle doit devenir une coopérative de santé. « Le but d’une coop n’est pas de faire des profits, mais plutôt d’offrir des services de qualité », affirme-t-il.
Il existe près de 40 coopératives de santé au Québec à l’heure actuelle. En tout, elles offrent des soins à environ 300 000 patients.
Pour devenir membre d’une coop, il faut acheter une part — dont le prix varie normalement entre 30 et 50 $ — , puis apporter une contribution financière annuelle d’environ 75 $. Ces sommes sont injectées dans l’administration et les ressources humaines de la clinique, contribuant ainsi à son fonctionnement. Les médecins dans les coops de santé ont donc moins de paperasse à remplir et peuvent se consacrer davantage à leurs patients, soutient M. Allaire.
Il n’est pas nécessaire d’être membre d’une coop de santé pour y prendre rendez-vous, précise-t-il. « Le fait de cotiser à une coopérative ne donne pas d’accès privilégié aux soins. Mais les membres peuvent toutefois avoir leur voix au chapitre en siégeant au conseil d’administration où l’on statue sur les grandes orientations d’une clinique. »
Appelée à réagir, Tootelo indique ne pas avoir de préférence en matière d’acquéreur. « S’il y en a qui arrivent avec un beau projet de coopérative, c’est certain qu’on va l’évaluer », affirme Benoît Brunel, président du conseil d’administration de la compagnie.
M. Brunel précise que la clinique n’est « pas à risque de fermeture ». « Ce qui se passe, c’est que Tootelo a décidé de sortir de ce secteur d’activité. C’est donc un choix stratégique de l’entreprise. » Il assure d’ailleurs qu’un acheteur finira par se manifester. « Nous continuons d’opérer l’endroit d’ici là. »
Une avenue « prometteuse »
Le modèle coopératif serait une « avenue prometteuse » pour la clinique, estime le député solidaire Vincent Marissal, qui représente Rosemont à l’Assemblée nationale. « Nous devons faire une bonne analyse de ce modèle », dit-il.
Du côté fédéral, l’élu néodémocrate de Rosemont–La Petite-Patrie, Alexandre Boulerice, se dit également favorable à la proposition. « Ce modèle inclut une participation accrue des professionnels de la santé dans la gestion et les prises de décisions de la clinique. Les coopératives sont plus durables dans le temps et davantage ancrées au sein des communautés. »
Pour transformer ce centre en coop, la première étape serait d’avoir des professionnels de la santé travaillant à la clinique qui sont intéressés par le projet, explique François Allaire. Ils pourraient ensuite sonder leurs patients au sujet de ce modèle. « Selon des études qu’on a déjà faites ailleurs, c’est à peu près 30 % des patients qu’on peut convertir en membres. »
Puis, afin d’obtenir de l’aide financière, il faudrait aller chercher l’appui de la Ville de Montréal et de partenaires d’économie sociale, affirme M. Allaire. Une offre pourrait par après être faite à l’entreprise qui détient actuellement la clinique.
Joint par Le Devoir, le cabinet de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a dit ne pas vouloir commenter le dossier pour le moment.