Claude Ryan ou l’art de contribuer à la société

J’ai connu Claude Ryan lorsqu’il est devenu candidat à la chefferie du Parti libéral du Québec (PLQ), en 1978. Pendant de nombreuses années, j’avais été un fervent lecteur de ses éditoriaux dans Le Devoir, et sa décision de se présenter m’a grandement motivé à m’engager en politique.
Nous étions à la veille d’un référendum sur la souveraineté du Québec proposé par le gouvernement de René Lévesque. C’était une période fébrile, qui touchait le cœur de l’unité canadienne. Je n’étais pas un militant politique. Pourtant, en novembre 1976, j’avais voté pour le Parti québécois largement en raison de son programme progressiste et social-démocrate. Mais je n’étais pas souverainiste, malgré mon engagement pour le Québec.
Au fil des années 1980 et 1990, je suis devenu un allié de Claude Ryan dans son objectif de renouveler le PLQ, de présenter une option pour mettre à jour la Constitution canadienne avec un rôle accru pour le Québec et de défendre les valeurs libérales dans un Québec moderne. J’ai œuvré à ses côtés durant les trois référendums de 1980, de 1992 et de 1995. Au-delà de l’engagement politique, il est devenu un mentor, un conseiller et un ami.
Homme de réflexion, Claude Ryan était dévoué à sa famille et ouvert aux changements et à l’innovation. Il décrivait son cheminement de carrière en trois phases : la découverte de soi-même et l’engagement ; le sens de direction et d’influence ; l’engagement à changer les choses. Sa vision m’a grandement influencé.
De son parcours à L’Action catholique jusqu’à son œuvre au journal Le Devoir, à titre de journaliste et de gestionnaire, et à sa décision de faire de la politique active à un moment crucial de l’histoire du Québec et du Canada, Claude Ryan a toujours joué un rôle déterminant dans l’avancement de notre société. Même à sa retraite, il restait accessible, toujours ouvert aux nouvelles idées et surtout volontaire pour s’impliquer.
Ma dernière conversation avec lui a eu lieu quelques semaines avant son départ. Chaque 26 janvier, à l’occasion de son anniversaire, j’avais pris l’habitude de lui téléphoner pour lui souhaiter mes meilleurs vœux. Cet échange cordial se transformait toujours en conversation passionnante sur l’actualité. Cette fois-là, je l’appelais depuis le New Hampshire, où j’assistais à une soirée de primaires chez les démocrates. Par notre échange, j’ai pu à nouveau constater son intérêt pour le changement, pour les défis de l’avenir et, oui, pour la politique américaine.
Claude Ryan fut surtout une personne qui croyait à l’engagement et au changement. Tous ceux et celles qui ont eu la chance de travailler à ses côtés ont pu constater qu’apporter sa contribution à la société était son principal objectif. À l’occasion de son 100e anniversaire de naissance, je souhaite souligner qu’il s’agit d’un exemple fort inspirant pour les générations montantes.
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