Cinq titres jeunesse sous le manteau de l’hiver

Offrandes, Lula Carballo et Kesso
L’œuvre incisive, sensible et éloquente de Lula Carballo n’a pas tardé à imprégner le paysage littéraire québécois. Autrice de romans et de recueils de poésie, elle nous offrait, en 2021, l’album Ensemble nous voyageons, dont le magnifique récit — coécrit avec Catherine Anne Laranjo — s’incarnait dans un livre-objet brodé par Kesso. Elle retrouve aujourd’hui la complicité de Kesso pour nous livrer l’album Offrandes, résultant de sa rencontre, dans une classe de francisation, avec 14 adultes provenant de 11 pays différents. Par l’accompagnement bienveillant de l’écrivaine, ceux-ci se sont lancés « dans l’écriture de poèmes dans une langue qu’iels apprivoisent encore autour du thème des offrandes culturelles ». Ces « offrandes culturelles ont ensuite été accueillies et interprétées visuellement par des résident·es de Parc-Extension d’âges et de cultures multiples ». Brodées par Kesso, elles symbolisent les liens tissés lors de ces rencontres.
Dent-de-lion, 20 février
La nuit du cadavre, Myriam Vincent et Marie-Joëlle Fournier
L’entrée littéraire de Myriam Vincent a été fracassante. Lauréate du Prix des Rendez-vous du premier roman pour Furie (2020), et finaliste au Prix des libraires avec À la maison (2022), elle est aussi éditrice chez Poètes de brousse, dans la collection Prose, de même que chez Monsieur Ed. Son premier titre ciblant d’abord un public adolescent est une belle promesse de cette rentrée littéraire. La nuit du cadavre nous invite à Contrecœur, où Daphné et Camille retrouvent un corps sans vie sur les berges du fleuve : « Commence alors un véritable cauchemar. Non seulement Daphné réalise qu’elle peut maintenant voir des fantômes, mais les deux amies se retrouvent, bien malgré elles, impliquées dans un combat contre des forces maléfiques. » Marie-Joëlle Fournier, illustratrice et designer graphique, ajoutera au mystère en illustrant ce récit qui promet de nous donner des frissons, à la tombée de l’hiver.
La courte échelle, 5 mars
Vents de mémoire, Yves Nadon et Nathalie Novi
En 2015, Yves Nadon a cofondé la maison D’eux, à Sherbrooke, qui a depuis fait paraître plus d’une centaine de titres. En marge de son rôle de directeur littéraire, Yves Nadon écrit. Son dernier album, Mon frère et moi, illustré par Jean Claverie et paru en 2018, a d’ailleurs remporté le Prix des libraires. Sa plus récente proposition, Vents de mémoire, nous invite dans les montagnes de Dharamsala, à la rencontre d’un garçon qui se souvient de l’automne de ses 10 ans en cherchant à raviver le souvenir de sa grand-mère. À la manière des prières tibétaines, il inscrit « une farandole de précieux instants » de son aïeule sur de petits bouts de tissus colorés, et laisse « le vent l’enrober de cette vie passée ». Une histoire poétique qui rappelle à l’importance de pérenniser les souvenirs. Pour l’occasion, l’autrice-illustratrice et peintre Nathalie Novi prêtera les couleurs de ses crayons et acryliques à ce lieu enchanteur, situé dans le nord de l’Inde.
D’eux, 18 mars
À la découverte des insectes avec Bompa, David Suzuki, Tanya Lloyd Kyi et Qin Leng
David Suzuki, généticien et zoologiste canadien, est surtout connu pour son militantisme écologiste. Ses nombreux ouvrages entretiennent un soutien indéfectible aux Premières Nations, donnent forme à sa lutte pour contrer le réchauffement climatique et nous invitent à mieux connaître les multiples formes du vivant. En partageant la plume avec Tanya Lloyd Kyi, il s’inspire cette fois de sa relation avec ses petits-enfants, Nakina et Kaoru, pour nous proposer une immersion privilégiée dans le microcosme des insectes. Ceux-ci se révèlent à nous sous un jour nouveau, déployant des qualités insoupçonnées et des propriétés essentielles aux cycles de la vie. Qin Leng, dont le travail a été auréolé du Prix du Gouverneur général ainsi que du Prix des libraires, pour l’album Trèfle (Comme des géants, 2022), écrit par Nadine Robert, emploiera tout son talent et son imaginaire pour iriser le monde des insectes, sur lequel on a la fâcheuse habitude de lever le nez.
Kata éditeur, mars
À lire aussi
- Tous les autres textes de la rentrée littéraire de l’hiver
En crise, Annick Lefebvre et Vincent Partel-Valette
Ce sont sur les planches des théâtres que les mots d’Annick Lefebvre se font habituellement entendre. Son œuvre a été honorée de plusieurs prix, notamment le prix Michel-Tremblay et le Prix auteur dramatique BMO, qui lui ont été attribués pour sa pièce J’accuse, « qui donnait la parole aux femmes de sa génération en s’éloignant des stéréotypes traditionnels ». En avril, elle signera En crise, un livre graphique « sur la colère, ses enjeux, son pouvoir, mais aussi ses limites ». On y reconnaîtra sa voix tranchée, qui incarne une parole authentique et sans compromis : « J’étais chez le psy. Pis ça les a rendus plus zen. Mes parents. Lou. Mes profs. Charlie. Mes proches. Ça les a toutes pis tous rempli·e·s d’une ridicule plénitude d’après-spa. Mais je serai pas la fille du public à qui on va demander d’avoir aveuglément confiance, pis d’accepter de se coucher dans une boîte. » Une parole mise en illustrations par Vincent Partel-Valette, qui avait aussi illustré, avec brio, les pièces Polysémies et Périphéries (Dramaturges éditeurs).
La bagnole, 3 avril