Cinq essais pour décrypter le monde

Sensationnalisme. Enquête sur le bavardage médiatique, Yoan Vérilhac
Prenez les parcs d’attractions, les spectacles de magie, l’enquête, la presse people ou les magazines de faits divers : toutes ces productions culturelles provoquent en nous une foule de sensations fortes, n’est-ce pas ? On dit qu’elles sont sensationnelles. Le Français Yoan Vérilhac, maître de conférences en littérature à l’Université de Nîmes et spécialiste de l’histoire de la presse, revient sur le fondement anthropologique de la communication et du discours public. Son objectif : comprendre les origines de cette tendance sensationnaliste qui façonne aujourd’hui l’espace médiatique et culturel contemporain. En mettant de côté la perception négative que l’on se fait habituellement de cette notion et en multipliant les angles historiques, l’auteur propose une réflexion originale puisqu’au-delà de sa vocation grégaire, le sensationnalisme permet au fond de mieux appréhender la cohérence sociologique et politique de l’histoire de la culture populaire.
Amsterdam, le 21 janvier
Thomas Jefferson. Le président américain francophile, Laurent Zecchini
Alors que les États-Unis s’apprêtent à investir Donald Trump de la présidence, un homme inculpé à maintes reprises et reconnu coupable par une cour de justice à New York, un ouvrage retrace l’existence hors du commun d’un autre président, Thomas Jefferson (1743-1826). Ce père fondateur est l’auteur principal de la Déclaration d’indépendance du 4 juillet 1776 qui a inspiré la Révolution française. Homme des Lumières, musicien, théologien, architecte, ce grand lettré à l’esprit scientifique a aussi été ambassadeur à Paris. Il a été sans nul doute le plus francophile des chefs d’État américain. En tant que président, c’est d’ailleurs lui qui a racheté l’immense territoire de la Louisiane à Napoléon, jetant ainsi les bases qui permettront à sa nation naissante de devenir la première puissance mondiale. Mais aussi respectée soit cette figure, Thomas Jefferson avait aussi sa part d’ombre. Propriétaire d’esclaves dans sa résidence de Monticello, en Virginie, il entretenait une relation secrète avec une Noire, avec qui il aura six enfants.
Perrin, le 23 janvier
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La fabrique de la honte. Enquête sur une émotion qui enferme les femmes, Élisabeth Cadoche et Anne de Montarlot
Comment la honte est-elle parvenue à devenir un véritable outil de domination ? Depuis des siècles, la honte est omniprésente dans le vécu des femmes et va même s’incruster dans tous les aspects de leur existence. Il y a la honte du corps et de ses transformations, la honte des choix de vie ou bien celle de ne pas se conformer aux attentes de la société. Élisabeth Cadoche, documentariste, et Anne de Montarlot, psychothérapeute, tentent ensemble de comprendre dans leur enquête pourquoi cette émotion pèse plus lourdement sur les femmes. À travers des témoignages et une analyse du phénomène, elles révèlent les mécanismes sociaux et culturels qui entretiennent cette forme d’oppression. La honte, à l’origine destinée à réguler les comportements humains, est devenue une arme puissante pour contraindre les femmes à s’autocensurer et à s’effacer. Pour briser le pernicieux cycle de la honte, les autrices vont plus loin que la dénonciation d’une injustice en proposant des pistes de solutions.
Les Arènes, le 7 mars
Vu du Liban. La fin d’un pays, la fin d’un monde, Anthony Samrani
Journal centenaire et respecté aussi bien à l’international qu’au Liban, le quotidien francophone L’Orient-Le Jour couvre l’actualité du Proche-Orient avec un regard aiguisé. Son jeune corédacteur en chef Anthony Samrani expose dans un court essai en forme de « tract » la singularité tragique du pays du Cèdre, qu’il juge piégé dans la guerre menée par Israël contre le Hezbollah. L’auteur élargit son regard sur l’ensemble de la région au bord de l’implosion, qui vient d’entrer dans un avenir inconnu après la chute soudaine du régime al-Assad en Syrie. Il analyse le rôle des États arabes et la situation explosive en Palestine. « La guerre de Gaza n’est pas la plus stratégique. Ni la plus meurtrière », écrit Samrani, insistant toutefois sur la « puissance symbolique » du conflit. Selon lui, Gaza n’est pas qu’une guerre de plus. « C’est un point de rupture. C’est le dernier clou dans le cercueil de l’ordre international, qui avait commencé à être fragilisé par l’attaque du 11 septembre 2001. »
Gallimard, le 15 mars
Carnets d’Ukraine, Michel Hazanavicius
En tant qu’ambassadeur de l’association United 24, une plateforme gouvernementale de collecte de fonds en faveur du peuple ukrainien, le cinéaste Michel Hazanavicius s’est rendu en novembre 2023 quelques jours sur le front afin de recueillir les témoignages d’hommes et de femmes engagés dans le conflit. Le réalisateur de The Artist (Oscar du meilleur film en 2012) a rencontré une foule de personnalités anonymes aux parcours divers, dont les destins ont été radicalement bouleversés par la guerre. Un avocat, des musiciens, des agriculteurs ou des ouvriers, autant de citoyens lambda qui sont loin d’être des militaires de carrière, mais qui ont choisi sans hésiter une seule seconde à prendre les armes, au péril de leur vie. L’invasion de l’Ukraine par les troupes russes, en février 2022, a mobilisé des centaines de milliers de personnes, qui tentent toujours de repousser l’ennemi à l’extrême est du pays. Notons que les textes sont illustrés de dessins de l’auteur.
Allary, le 4 avril