Chrystia Freeland voudrait lier l’immigration à l’offre de logements au pays

L’ancienne ministre des Finances Chrystia Freeland au lancement de sa campagne pour devenir la prochaine cheffe du Parti libéral du Canada, à Toronto, le 19 janvier dernier
Photo: Frank Gunn La Presse canadienne L’ancienne ministre des Finances Chrystia Freeland au lancement de sa campagne pour devenir la prochaine cheffe du Parti libéral du Canada, à Toronto, le 19 janvier dernier

Dans son plan pour résoudre la pénurie de logements, la candidate à la direction du Parti libéral du Canada Chrystia Freeland lierait le nombre de nouveaux immigrants admis au Canada à la disponibilité des logements.

L’ancienne ministre des Finances a fait cette promesse dans un document politique en dix points que son équipe de campagne a envoyé lundi matin. Mme Freeland explique que cette mesure ralentirait la croissance démographique au Canada jusqu’à ce que la crise de l’accessibilité au logement se stabilise.

Le chef conservateur Pierre Poilievre promet lui aussi, depuis un certain temps, de lier les chiffres de l’immigration aux mises en chantier de logements au pays.

Dans le cadre de l’actuel plan fédéral d’immigration, le nombre de résidents permanents admis au Canada devrait diminuer chaque année jusqu’à atteindre 365 000 en 2027. L’objectif précédent était d’admettre plus de 500 000 résidents permanents par année de 2024 à 2026.

Mme Freeland et M. Poilievre ne se rejoignent pas que sur ce lien entre immigration et mises en chantier. La candidate à la chefferie libérale s’engage aussi à contraindre les municipalités à réduire leurs droits d’aménagement pour diminuer les coûts de construction de logements — et menace elle aussi de retenir le financement fédéral des infrastructures si les Villes ne collaborent pas.

M. Poilievre a proposé quant à lui de lier les transferts fédéraux aux municipalités au nombre de mises en chantier qu’elles déclarent sur leur territoire.

Mme Freeland et M. Poilievre se sont aussi tous les deux engagés à supprimer la taxe de vente fédérale (TPS) sur les maisons neuves pour les acheteurs d’une première propriété. La candidate libérale supprimerait la TPS sur les ventes de maisons neuves valant jusqu’à 1,5 million $, tandis que M. Poilievre a fixé la barre à un million de dollars.

Melissa Lantsman, cheffe adjointe du Parti conservateur, avait d’ailleurs présenté le 10 décembre dernier en Chambre une motion de l’opposition visant à mettre en œuvre cette proposition de M. Poilievre sur la TPS. Le Bloc québécois et les libéraux, dont Mme Freeland, avaient voté contre, et la motion avait été rejetée.

Tarification des loyers

Mme Freeland a déclaré que si elle devenait cheffe du Parti libéral, et devenait première ministre, elle interdirait également la pratique des propriétaires qui utilisent l’intelligence artificielle (IA) pour analyser les informations personnelles d’un locataire afin de fixer les loyers.

Bonita Zarrillo, porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière d’infrastructures et de collectivités, avait commencé à soulever cette question en septembre dernier. Elle a d’ailleurs demandé une enquête du Bureau de la concurrence sur cette pratique, affirmant que les propriétaires utilisent l’IA pour « augmenter illégalement les loyers ».

Le Bureau de la concurrence a confirmé lundi à La Presse canadienne qu’il enquêtait sur la tarification algorithmique dans le marché locatif.

Le média indépendant The Breach avait d’abord signalé en novembre dernier qu’une enquête était ouverte, mais le bureau ne l’avait pas confirmé à ce moment-là.

D’autres éléments du plan de logement de Mme Freeland s’appuieraient sur des politiques libérales existantes. Elle augmenterait par exemple le plafond de la contribution annuelle au compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP), qui passerait de 8000 $ à 10 000 $, et elle offrirait du financement fédéral pour aider les usines à construire davantage de maisons modulaires.

La course s’accélère

Chrystia Freeland est l’une des cinq candidates en lice pour remplacer le premier ministre Justin Trudeau à la tête du Parti libéral du Canada, et a suggéré toute une gamme d’idées politiques pour se démarquer du lot.

De son côté, la candidate libérale Ruby Dhalla a indiqué qu’elle nommerait un « tsar du logement » pour s’attaquer à la crise du logement.

Dans un courriel envoyé lundi, l’attachée de presse de Mme Dhalla, Jacy Lafontaine, a souligné que le seul mandat de la personne nommée serait de « construire des logements et de réduire la bureaucratie qui bloque le développement ».

Mme Lafontaine a précisé que Mme Dhalla s’était engagée à introduire une période de moratoire pendant laquelle les investisseurs qui vendent leurs propriétés ne seraient pas assujettis à l’impôt sur les gains en capital. Son plan prévoit également des lois fédérales sur le logement pour simplifier les approbations et débloquer la réserve de terres agricoles « pour laisser le marché — et non les gouvernements provinciaux — déterminer où les logements devraient aller ».

« Les provinces qui ne respectent pas les nouvelles exigences verront leurs paiements de transfert réduits et d’autres pénalités pour garantir la responsabilité », a déclaré l’attachée de presse.

La semaine dernière, son rival Mark Carney s’est engagé à encourager la construction de plus de maisons préfabriquées, mais n’a pas précisé les détails de son plan.

Plus tôt ce mois-ci, la candidate Karina Gould a promis d’élargir le logement coopératif, d’« accélérer » la construction de logements modulaires et d’offrir un crédit d’impôt de 2000 $ aux acheteurs d’une première propriété.

L’ancien député Frank Baylis se présente également à la course à la direction du Parti libéral. Un porte-parole de la campagne de M. Baylis a déclaré qu’il publierait des déclarations politiques toute la semaine avant les débats des candidats, les 24 et 25 février.

Les libéraux choisiront leur prochain chef, et le nouveau premier ministre du Canada, lors d’un congrès à Ottawa le 9 mars.

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