Réflexions pour une consommation éclairée
La grande saison festive de décembre n’est pas que synonyme de célébrations et d’excès caloriques, elle marque également le point culminant d’une période de consommation intense. Aux semaines effrénées entourant les soldes du Vendredi fou en novembre s’ajoutent maintenant les dépenses pour le temps des Fêtes.
Selon un sondage réalisé cet automne par Léger pour le Conseil canadien du commerce de détail, les consommateurs entendent dépenser plus pendant les Fêtes cette année, précisément 8 % de plus qu’en 2023, pour un total de 972 $ en moyenne par personne. Mais, au fait, les consommateurs sondés incluent quoi exactement dans cette somme ? Exclusivement les cadeaux et les activités ? Qu’en est-il de l’épicerie et des dépenses des soldes de novembre en prévision des Fêtes, justement ?
Ça devrait compter, puisque ça pèse lourdement sur le portefeuille. Mon hypothèse, c’est que la majorité des consommateurs sous-estiment leurs dépenses des Fêtes. Le caractère hautement émotif de cette période donne en effet le goût de se laisser emballer, à l’image des cadeaux qui s’amoncellent sous le sapin.
Voici l’occasion de prendre du recul sur le sujet.
Décrire mon profil de consommateur
Puisque nous sommes tous humains, et donc tous imparfaits, réfléchir à notre profil de consommateur peut nous permettre d’effectuer certains rajustements ou même de reconnaître nos forces (et nos faiblesses) grâce à une meilleure connaissance de nous-mêmes. Pour vous aider à décrire quel type de consommateur vous êtes, voici quelques questions à vous poser.
Planification. À quel point vos achats importants sont-ils planifiés ? Avez-vous un budget de caisse pour les financer sans recourir au crédit ? Avez-vous analysé vos dépenses réelles de la dernière année pour voir si celles-ci ont été fidèles aux dépenses budgétées ? Avez-vous tendance à vouloir vivre dans le moment présent, ce qui vous fait oublier les impacts à long terme de vos tendances d’achat ?
Magasinage. Aimez-vous magasiner ? En ligne ou en magasin ? Vos séances de magasinage ont-elles pour but de vous aider à comparer les produits ou servent-elles simplement « à passer le temps » ? Combien de temps occupe le magasinage dans un mois, une année ?
Analyse. Est-ce que vous achetez des biens ou des services après avoir considéré différents critères ? Quelle place accordez-vous aux conseils dans votre processus ? Utilisez-vous des guides et des outils pour alimenter vos critères de décision ?
Émotion. Quelles émotions vous amènent à faire des achats plus impulsifs ? Achetez-vous souvent des biens dont vous n’avez pas besoin pour des raisons plus émotives ? Magasinez-vous souvent par ennui ?
Comparaison. Avez-vous tendance à consommer pour rechercher l’approbation sociale ? Êtes-vous sensible dans vos habitudes de consommation ? Souffrez-vous du syndrome du voisin gonflable (les voisins sont maintenant partout dans nos réseaux sociaux…) ?
Les conseils de base
L’idée n’est pas d’éliminer toute notion de plaisir dans le magasinage de fin d’année. Toutefois, le principe de base de la consommation est de le faire en cohérence avec nos véritables moyens financiers. Le recours au budget comme outil de gestion financière assure de dépenser en suivant les limites de celui-ci.
De plus, les choix de consommation devraient être effectués en misant sur la qualité, surtout si vous êtes sensible aux enjeux environnementaux et de surconsommation. En ce sens, le choix d’une marque plutôt qu’une autre gagne à être fait non pas selon l’image et les tendances, mais selon sa réputation. Le prix le plus bas n’est pas toujours le critère de choix le plus avantageux pour certains biens.
Patienter avant d’acheter permet de confirmer l’analyse et la décision de procéder à une transaction, aussi petite soit-elle. Personnellement, reporter un achat me fait souvent comprendre qu’il n’était pas absolument nécessaire à mon quotidien, encore moins à mon bonheur.
Enfin, le recours au financement devrait être réservé aux biens durables. Par exemple, si vous devez changer vos pneus d’hiver, vos liquidités devraient avoir été gérées de façon à avoir l’épargne requise pour y arriver, même s’il est tout à fait pertinent de recourir au financement lorsque vient le temps de changer de voiture. Les achats plus importants de ce type doivent être analysés de sorte que les paiements en découlant permettent d’atteindre vos autres objectifs financiers.
Les nouveaux modes de paiement qui permettent de diviser des achats courants, comme à peu près tout ce qui se vend en ligne actuellement, sont à proscrire puisqu’ils peuvent mener à une consommation accrue.
À bien y penser, consommer est un art. Il exige autant de sensibilité — à nos valeurs, à nos priorités personnelles — que de rationalité, afin de nous protéger contre tous les risques de décisions émotives qui nous guettent.
Ce texte fait partie de notre section Opinion, qui favorise une pluralité des voix et des idées. Il s’agit d’une chronique et, à ce titre, elle reflète les valeurs et la position de son auteur et pas nécessairement celles du Devoir.