Les Chinois restent prudents devant une pluie d’aides à la consommation

Pékin compte sur des subventions à l’achat de cuiseurs à riz, de micro-ondes ou encore de téléphones intelligents pour stimuler la consommation et renforcer son économie à l’approche du nouveau mandat de Donald Trump.
Le moral des centaines de millions de consommateurs chinois reste plombé par une longue crise de l’immobilier, et les responsables politiques multiplient les initiatives pour encourager les dépenses.
Dernier exemple en date : l’élargissement d’un programme de subventions à l’achat de produits ménagers — allant de purificateurs d’eau à des voitures électriques.
Cette politique est une « incitation » pour Li Ling, 25 ans, interrogée par l’AFP à l’extérieur de l’imposant centre commercial de Sanlitun à Pékin. « Si le budget de quelqu’un n’est pas suffisant, ces mesures pourraient l’encourager à faire un achat », estime-t-elle.
Dangers pour le commerce extérieur
La Chine voit s’approcher avec anxiété le nouveau mandat du président américain désigné, Donald Trump, qui a promis d’augmenter les droits de douane sur les importations chinoises.
Une reprise des tensions commerciales pourrait porter un coup sévère au commerce extérieur chinois, un des piliers de la croissance de la deuxième économie mondiale.
Les experts estiment que la Chine pourrait devoir se tourner vers un autre modèle de croissance, davantage centré sur la demande intérieure.
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Le nouveau programme de subventions du gouvernement permet d’économiser jusqu’à 20 % sur les micro-ondes, les purificateurs d’eau, les lave-vaisselle et les cuiseurs à riz, entre autres choses, avec un palier maximum de 2000 yuans (393 $CA).
Des produits électroniques comme les cellulaires, les tablettes ou les montres intelligentes peuvent être subventionnés à hauteur de 15 %.
Yang Boyun, un client, explique qu’il a largement tiré parti de ce nouveau programme. « J’ai acheté trois climatiseurs Xiaomi », raconte-t-il à l’AFP, en référence au leader chinois des produits électroniques. « Je les ai achetés pour un total de 8000 à 9000 yuans [1570 à 1767 $CA]. Normalement, ils coûtent au moins 4000 yuans l’unité [785 $CA]. »
M. Yang, un employé du secteur immobilier — le plus touché par la crise —, estime que des actions plus radicales sont nécessaires pour renverser la tendance. « Seuls des changements de régulation sur le plan macroéconomique seront ressentis à l’échelle individuelle », affirme-t-il.

La Chine devait annoncer vendredi plusieurs indicateurs clés de sa croissance économique, dont le montant du produit intérieur brut (PIB) de 2024. Un groupe d’experts interrogés par l’AFP s’attend à un taux de croissance parmi les plus bas des dernières décennies.
« Être heureux »
Dans le centre commercial de Sanlitun, Wang Jiaxin, une étudiante, explique qu’elle préfère se concentrer sur des produits qu’elle aime. « Si c’était pour manger ou boire un verre, ou alors pour acheter de beaux habits, alors je dépenserais un peu plus », dit-elle.
La jeune femme explique qu’elle souhaite faire son entrée sur le marché du travail — marqué par des taux de chômage élevés chez les jeunes — l’an prochain, plutôt que de continuer à étudier. Mais elle n’est que modérément optimiste.
« Je peux certainement trouver un travail. Mais quel type de travail ? dit-elle. Je ne suis pas sûre d’arriver à trouver un bon emploi, mais j’arriverai à gagner ma vie. »
L’employé M. Yang explique, lui, qu’il a changé ses habitudes de consommation. « Avant, j’avais un peu d’argent de côté, mais aujourd’hui, j’ai l’impression que la moindre petite chose pourrait me conduire à m’endetter — par exemple, si tu tombes malade, tu t’endettes. »
« Mais l’argent devrait être utilisé pour profiter du temps présent », ajoute-t-il. Et « le plus important pour nous à l’heure actuelle, c’est d’être heureux ».