Les certifications de produits locaux sont importantes pour les Québécois

La provenance d’un produit compte pour 50 % de la décision d’achat, selon une étude de l’OBNL Les Produits du Québec.
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir La provenance d’un produit compte pour 50 % de la décision d’achat, selon une étude de l’OBNL Les Produits du Québec.

La provenance des produits, étiquetés comme étant produits, fabriqués ou conçus au Québec, contrairement à des produits importés, compte pour la moitié de la décision d’achat chez les Québécois, l’autre moitié étant le prix. C’est ce que révèle l’étude La valeur des marques de certification, réalisée par la firme AppEco et commandée par Les Produits du Québec (LPDQ), un organisme à but non lucratif appuyé par le gouvernement provincial.

Contrairement à son organisme cousin, Les Aliments du Québec, LPDQ propose trois marques distinctes pour les produits non alimentaires qui sont produits, fabriqués ou conçus dans la province. Toujours selon l’étude, de ces trois marques, la dernière est la moins efficace. Elle se compare généralement à une étiquette indiquant la provenance du Québec, mais sans vérification externe — comme un autocollant de fleur de lys par exemple.

Photo: Les Produits du Québec L’OBNL Les Produits du Québec propose trois marques distinctes pour les produits non alimentaires qui sont produits, fabriqués ou conçus dans la province.

L’étude révèle également que, selon les sept catégories de produit comprises dans l’étude, les Québécois « sont prêts à payer de 22 % à 71 % de plus par rapport au prix moyen pour un produit détenant une marque de certification LPDQ comparativement à un équivalent importé de Chine ».

À noter que plus la valeur moyenne de la catégorie est basse, plus les consommateurs sont prêts à payer davantage pour un produit certifié local. « Dans les catégories où le prix moyen était plus faible, donc de 5 $ à 20 $, les volontés de payer qu’on exprime en pourcentage étaient plus élevées : on obtenait 50 % ou 70 %. Alors que pour la catégorie la plus chère de l’échantillon [l’ameublement], parce qu’on était dans plusieurs centaines de dollars, la volonté de payer plus va être plutôt dans les 20 % », explique Julien Mc Donald-Guimond, directeur et économiste chez AppEco. Un phénomène « clair comme de l’eau de roche », qu’il « faut garder en tête », affirme-t-il.

Pour ce qui est de la comparaison avec un produit qui comporte une étiquette « Québec » sans vérification, « les Québécois sont prêts à payer en moyenne 10 % de plus pour un produit vérifié LPDQ », peut-on lire dans l’étude.

« Une agréable surprise »

Des résultats qui ont « agréablement surpris » la directrice générale de l’organisme LPDQ, Elfi Morin. Pour Mme Morin et M. Mc Donald-Guimond, cette étude permet de recueillir des données plus tangibles et proches de la réalité de consommation que des « sondages d’opinion », où les répondants ne sont pas face à des simulations d’achat. Les résultats sont d’ailleurs bien différents de la majorité de ce type de sondage, note cette dernière.

Dans le cadre de l’étude, les 2801 répondants devaient choisir entre divers produits de qualité égale qui ne différaient que par leur prix et leur origine ou marque de certification. Au hasard, la moitié des participants étaient présentés avec des descriptions claires de chaque marque de certification. Les logos des différentes marques de certification ont visiblement suffi, puisque les différences entre les deux groupes « ne sont pas statistiquement significatives », explique Julien Mc Donald-Guimond.

« Il doit y avoir quelque chose qu’on a fait de bien au niveau de la communication pour que déjà nos logos résonnent de façon très crédible pour les consommateurs », dit pour sa part la directrice générale de LPDQ.

Des différences sont cependant observables selon les différentes démographies interrogées. Les femmes, les personnes de plus de 35 ans et celles qui ont un revenu plus élevé sont, en règle générale, plus enclines à débourser plus pour des produits certifiés locaux. À noter que la variable de l’âge a été séparée de celle du revenu pour en arriver à cette conclusion. « Il vient peut-être une plus grande sensibilité à la provenance des produits qu’on achète en vieillissant », suppose M. Mc Donald-Guimond, en précisant que « ça [la psychologie derrière les décisions] reste une question qu’il faudrait explorer plus en détail ».

La publication de l’étude amène aussi son lot de nouvelles pour LPDQ, cinq nouveaux détaillants étant désormais partenaires de l’organisme. Signé Local, Familiprix, l’Aubainerie, Mondou et Toys ”R” Us vont ainsi afficher les différentes marques de LPDQ pour les produits d’ici. Les deux derniers détaillants représentent respectivement un premier partenariat pour les produits pour animaux et les jouets. Une nouvelle applaudie par le ministre délégué à l’Économie, Christopher Skeete. « J’invite les autres détaillants à leur emboîter le pas », indique-t-il par voie de communiqué.

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