Le Canada ne veut pas que la Russie rejoigne le G7, affirme Mélanie Joly

La ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly a déclaré que le Canada s’opposait fermement à la réintégration de la Russie au sein du G7, comme l’a suggéré le président américain Donald Trump.
Lors d’une conférence de presse tenue samedi à Munich, en Allemagne, pendant une conférence sur la sécurité internationale, Mme Joly a été interrogée si elle et ses collègues internationaux avaient discuté de la réadmission de la Russie au sein du groupe.
« Non, nous ne l’avons pas fait, et je dis la position du Canada : il n’y aura aucune chance que cela se produise », a-t-elle insisté.
La réunion des ministres des Affaires étrangères lors de la Conférence de Munich sur la sécurité était la première sous la présidence canadienne de 2025. La ministre Joly a également annoncé qu’elle accueillerait ses homologues à Charlevoix, au Québec, du 12 au 14 mars.
La Russie faisait partie de ce qu’on appelait le Groupe des Huit jusqu’à ce que d’autres membres suspendent Moscou en 2014 en raison de l’invasion de l’Ukraine qui a conduit la Russie à prendre le contrôle de la Crimée.
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Le président Trump a soutenu jeudi que la Russie aurait dû conserver son adhésion au groupe et a suggéré qu’elle aurait pu empêcher l’invasion à grande échelle lancée par Moscou en février 2022.
« Ce n’est pas une question d’aimer ou de ne pas aimer la Russie, a affirmé M. Trump. J’aimerais les avoir à nouveau. Je pense que c’était une erreur de les chasser ».
Le chef du Parti conservateur fédéral, Pierre Poilievre, a soutenu que la Russie ne devrait pas être autorisée à revenir.
« L’exclusion de la Russie du G7 est tout aussi justifiable aujourd’hui », a-t-il publié sur X, affirmant que les conservateurs ont mené la campagne pour exclure Moscou en 2014.
Mme Joly a indiqué que le G7 restait déterminé à soutenir l’Ukraine et que le pays et ses alliés européens devaient avoir une place à la table des négociations de paix pour mettre fin à la guerre.
Les tarifs de rétorsion ont fait réagir
La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a déclaré que le plan du Canada visant à riposter si le président américain Donald Trump mettait à exécution sa menace d’imposer des tarifs douaniers sur les produits canadiens avait attiré l’attention de l’administration républicaine et alimenté une récente augmentation du soutien au Parti libéral.
Mme Joly a formulé samedi ces commentaires lors d’une table ronde sur le commerce au cours de la Conférence de Munich sur la sécurité, en Allemagne, où elle a affirmé aux dirigeants européens qu’ils pourraient s’inspirer de l’expérience du Canada dans ses relations avec M. Trump.
« Donc, ce que je veux dire à tous, c’est que nous sommes le canari dans la mine de charbon, a-t-elle affirmé à l’auditoire. Si l’administration américaine fait cela au Canada, vous êtes les prochains. »
La ministre a soutenu qu’il y avait eu un « grand changement » lorsque le premier ministre Justin Trudeau a répondu aux menaces initiales de M. Trump en déclarant que le Canada imposerait des tarifs de rétorsion de 25 % sur des produits américains d’une valeur de 155 milliards $ et réagirait rapidement à toute taxe sur les importations d’acier et d’aluminium si elles étaient imposées au Canada.
Mme Joly a dit que le gouvernement américain avait pris note lorsque les marchés boursiers ont commencé à « s’effondrer » et que les consommateurs américains ont commencé à s’inquiéter de la hausse du prix de l’essence.
« En fin de compte, aucun d’entre nous ne changera la perception du président Trump », a-t-elle déclaré. « Les seules personnes au monde qui veilleront à ce que les tarifs ne soient pas imposés sont les Américains eux-mêmes. Lorsqu’ils comprendront que cela affecte le prix de l’essence à la pompe et dans les épiceries… ils diront : “ça suffit !” »
Mme Joly a indiqué que les tarifs américains proposés représentent une « menace existentielle » pour le Canada, car ils pourraient entraîner la suppression de centaines de milliers d’emplois. Elle a affirmé que le Canada et l’Union européenne (UE) devraient coordonner leurs efforts pour répondre aux menaces de M. Trump.
Entre-temps, M. Trump a déjà signalé son intention d’imposer des tarifs à l’UE, suggérant que l’union économique continue de profiter d’une relation commerciale déséquilibrée.
À Munich, Mme Joly a laissé entendre que les Canadiens ont répondu favorablement aux mesures prises par le gouvernement libéral, affirmant que le résultat a été une hausse significative dans les sondages d’opinion publique qui a largement effacé la grande avance dont jouissaient les conservateurs au cours des deux dernières années.
« Je pense que nos concitoyens au Canada ont réagi très fortement au fait que nous étions si forts, a soutenu la ministre. En une semaine, nous sommes presque à égalité avec l’opposition parce que les Canadiens ont peur, sont anxieux et aiment le fait que nous soyons forts. »
Au cours de la table ronde, le sénateur démocrate américain Andy Kim a dit que M. Trump avait vendu aux électeurs l’idée que les tarifs américains seraient « payés par d’autres personnes, pas par le peuple américain ». M. Kim a déclaré que M. Trump exploite les sondages suggérant que 73 % des Américains pensent que les États-Unis perdent plus qu’ils ne gagnent grâce au commerce international.
M. Trump reste vulnérable à une réaction négative parce que 64 % des Américains pensent que les tarifs augmenteront les prix intérieurs, a indiqué M. Kim, ajoutant que 60 % des Américains désapprouvent l’imposition de tarifs aux pays européens.
M. Kim a dit à l’auditoire que les dirigeants européens doivent exprimer clairement les dommages que les tarifs douaniers causeront à l’Europe, mais aussi aux États-Unis.
« La personne qui prendra la décision finale à ce sujet n’a pas de motivation idéologique », a déclaré le sénateur du New Jersey, faisant référence à M. Trump. « Il réfléchit à une position politique, [mais] elle est profondément impopulaire parmi le peuple américain, et c’est peut-être une vulnérabilité extraordinaire de sa part. »
— Avec des informations de Dylan Robertson à Ottawa.