Trump promet des droits de douane «réciproques» avec le reste du monde

Le président américain, Donald Trump, a promis jeudi d’imposer des « droits de douane réciproques » pour rétablir l’« équité » dans les relations commerciales entre les États-Unis et le reste du monde, un nouveau coup de pression qui s’accompagne toutefois d’une échéance vague.
« S’ils nous imposent un droit de douane ou une taxe, on leur impose exactement le même niveau de droit de douane ou de taxe, c’est aussi simple que ça », a déclaré Donald Trump depuis la Maison-Blanche.
Le futur secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, a précisé que Donald Trump serait en mesure de mettre son plan à exécution d’ici début avril.
Depuis le début de son second mandat, le chef d’État a déjà imposé 10 % de droits de douane additionnels sur les produits chinois — auxquels Pékin a répondu par des surtaxes ciblées sur les produits américains. Et Washington doit aussi bientôt infliger 25 % de droits de douane sur l’acier et l’aluminium entrant aux États-Unis.
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Les prix augmenteront avant de reculer, dit Trump
Le président a admis que les prix « pourraient augmenter à court terme » pour les ménages américains, mais estimé qu’ils finiraient par reculer.
Pour lui, le pays entier profitera de ces barrières douanières destinées à mieux protéger l’industrie nationale et à résorber le déficit commercial du pays, qui dépasse 1000 milliards € (hors services), ou 1485 milliards $CA.
Donald Trump considère que les produits qui arrivent aux États-Unis doivent subir le même niveau de taxes que ce que le pays d’origine fait peser sur les produits américains. Et suggère aux États trouvant la nouvelle barrière douanière trop élevée d’abaisser la leur.
« D’une certaine manière, il oblige tous les pays à renégocier leurs barèmes douaniers avec les États-Unis », a remarqué Christine McDaniel, chercheuse pour Mercatus Center, auprès de l’AFP.
Mais l’exécutif américain ne veut pas se contenter de réaligner les droits de douane.
Il vise aussi les barrières non douanières telles que des réglementations pénalisant selon lui les produits américains, ou encore la TVA, l’impôt pesant sur les achats des consommateurs européens (quelle que soit l’origine des produits), généralement plus élevé qu’aux États-Unis.
Le mécanisme est qualifié de « punitif » par Donald Trump, car se cumulant avec les droits de douane à l’entrée des pays.
En matière de commerce, les alliés des États-Unis se « comportent souvent moins bien que nos ennemis », a lancé le républicain, pointant en particulier l’Union européenne.
« Levier de négociation »
Dans un mémo signé dans la foulée, Donald Trump demande à ses équipes de faire une revue complète des disparités commerciales entre les États-Unis et le reste du monde pour mettre en place des droits de douane « réciproques », « personnalisés » pays par pays, selon des précisions apportées par un responsable de la Maison-Blanche à la presse.
La revue devrait « prendre quelques semaines ou quelques mois, mais pas plus », selon la même source.
« Cela conforte les marchés financiers dans l’idée que les droits de douane sont un levier de négociation [pour Donald Trump] plutôt qu’une vraie politique à redouter », a commenté auprès de l’AFP Adam Button, analyste chez ForexLive.
Lors de son intervention, Donald Trump a affirmé que l’Inde imposait « plus de droits de douane que n’importe quel pays ».
Il a reçu quelques heures plus tard le premier ministre indien Narendra Modi et a alors prédit des « accords commerciaux merveilleux » entre eux.
New Delhi avait donné des gages de bonne volonté avant le rendez-vous, en réduisant notamment les droits de douane sur les motos américaines haut de gamme, du pain bénit pour le constructeur Harley-Davidson.
Selon nombre d’économistes, une vague de surtaxes aux frontières risque de se traduire par des hausses de prix pour les Américains.
Or le mécontentement des ménages face à l’inflation des années 2022-2023 a été analysé comme l’une des raisons de la victoire de Donald Trump lors de l’élection du 5 novembre.
Mercredi, un indice d’inflation a déjà jeté une ombre au tableau : les prix à la consommation ont augmenté en janvier de 3 % sur un an, en accélération, et ce, avant même l’entrée en vigueur de nouveaux droits de douane.