Bien comprendre le REER pour mieux l’utiliser
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Mes finances, ma retraite
Le régime enregistré d’épargne-retraite (REER) est un outil incontournable pour augmenter ses chances de toucher un revenu de retraite intéressant. Il est assez prisé des Québécois, qui ne l’emploient toutefois pas toujours de manière optimale.
Laurie Therrien, planificatrice financière à Services financiers Therrien et Alain, note que plusieurs Québécois comprennent mal le REER. « Certains pensent qu’on peut y mettre un seul type de produit financier, alors qu’on peut en utiliser plusieurs, comme des fonds communs de placement, des fonds négociés en bourse, des actions, des certificats de placement garanti, etc. », souligne-t-elle.
Les montants cotisés au REER peuvent être déduits du revenu déclaré, ce qui permet de diminuer l’imposition. Les REER des fonds de travailleurs offrent aussi des crédits d’impôt qui totalisent 30 %. Certains contribuables oublient toutefois le plafond de cotisation. Pour l’année 2024, il s’élève à 31 560 $ ou 18 % du revenu gagné. Les droits non utilisés s’accumulent au fil des années. Certaines personnes doivent tenir compte de leur régime de retraite, dont les cotisations peuvent être incluses dans le calcul du plafond de contribution au REER. Le montant maximal de la cotisation est inscrit à l’avis de cotisation de l’Agence du revenu du Canada.
REER ou CELI ?
Les épargnants se demandent souvent s’ils doivent privilégier le REER ou le compte d’épargne libre d’impôt (CELI). On peut mettre les mêmes produits financiers dans les deux, mais la cotisation au CELI n’est pas déductible d’impôt. En contrepartie, on ne paie pas d’impôt sur les sommes retirées du CELI.
« Pour parler simplement, si le taux d’imposition est plus élevé au moment de la cotisation que du retrait, le REER peut être plus avantageux que le CELI », indique Marc Bachand, professeur titulaire de fiscalité à l’Université du Québec à Trois-Rivières. En théorie, si le taux d’imposition est le même et que le contribuable réinvestit son remboursement d’impôt dans son REER, les deux véhicules se valent.
M. Bachand précise qu’il ne s’agit pas seulement de regarder le taux moyen d’impôt sur le revenu. On doit tenir compte de toutes les mesures fiscales, comme l’allocation pour enfants, les crédits pour frais de garde ou le crédit de TPS. Les planificateurs financiers emploient des logiciels pour réaliser des simulations qui éclairent les choix.
Un outil stratégique
Le REER est d’abord et avant tout un véhicule d’épargne pour la retraite. Il est notamment très important pour les travailleurs qui n’ont pas accès à un régime de retraite complémentaire d’un employeur. Mais il peut aussi avoir d’autres utilités.
« Les gens qui retournent aux études peuvent profiter du régime d’encouragement à l’éducation permanente (REEP), qui permet de retirer 10 000 $ par année, jusqu’à un maximum de 20 000 $ sur une période de quatre ans, pour financer leur formation ou celle de leur conjoint », explique Laurie Therrien. On dispose ensuite de dix ans pour remettre cette somme dans son REER.
Le régime d’accession à la propriété (RAP) permet quant à lui de prendre un maximum de 60 000 $ pour acquérir ou construire une habitation. Comme dans le cas du REEP, on doit se rembourser, cette fois sur une période de 15 ans. Le nouveau compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP) fait toutefois une rude concurrence au RAP. « L’avantage du CELIAPP, c’est qu’on peut déduire les cotisations, comme avec le REER, mais qu’on n’a pas besoin de remettre les sommes retirées », souligne Mme Therrien.
Les stratégies d’utilisation du REER peuvent varier considérablement en fonction de certains événements de la vie. « Quelqu’un qui a gagné un revenu important, mais qui s’arrête pour un retour aux études ou une année sabbatique, peut avoir intérêt à sortir un montant de son REER, à un taux d’imposition plus faible, pour le transférer dans son CELI, illustre Marc Bachand. Il cotisera de nouveau à son REER lorsqu’il recommencera à toucher plus d’argent. »
Un épargnant qui avance en âge et qui manque de fonds avant d’être arrivé à 65 ans a par ailleurs tout intérêt à employer ses REER plutôt que sa rente du Régime de rentes du Québec. En effet, cette dernière est beaucoup moins généreuse si on la retire à 60 ans plutôt qu’à 65 ans.
M. Bachand rappelle en outre que le comportement de l’épargnant est crucial pour préserver l’efficacité du REER et du CELI. « On peut être tenté de dépenser le retour d’impôt qu’on a obtenu grâce à la cotisation au REER, ce qui réduit l’utilité de cet outil, prévient-il. C’est aussi très facile de retirer de l’argent d’un CELI, puisque ces sommes ne sont pas imposables. Épargner exige de la discipline. »
Le REER en chiffres
• Date limite pour cotiser : 3 mars 2025
• 1 752 470 Québécois ont cotisé à un REER en 2022, soit un peu plus d’un quart des contribuables qui ont rempli une déclaration d’impôt. C’est la plus forte proportion au Canada.
• La moitié des cotisants québécois y ont mis moins de 3830 $.
•1 781 442 contribuables québécois se sont prévalus de la déduction REER en 2022. Déduction moyenne : 8037 $ pour les hommes, 5917 $ pour les femmes.
Sources : Statistique Canada et Revenu Québec
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