Les Ballets jazz Montréal entament un nouveau chapitre

Le nouveau directeur général, Stéphane Labbé, et la directrice artistique des Ballets jazz Montréal, Alexandra Damiani
Photo: Marie-France Coallier Le Devoir Le nouveau directeur général, Stéphane Labbé, et la directrice artistique des Ballets jazz Montréal, Alexandra Damiani

Depuis quelques mois maintenant, Stéphane Labbé, ancien directeur général de Tangente, joue ce même rôle aux Ballets jazz Montréal (BJM). Une occasion qui « tombait à point » dans la carrière de cet ancien danseur et gestionnaire de lieu de diffusion. Main dans la main avec Alexandra Damiani, directrice artistique de la compagnie depuis 2021, il espère enraciner encore davantage les BJM dans la communauté montréalaise et québécoise de la danse.

« J’avais vu les Ballets jazz Montréal avant ma formation en danse, dans les années 1990, et je me rappelle très bien la sensation que j’avais eue en voyant les danseurs. J’étais époustouflé, c’était énergisant. Je ressentais du bien-être, de l’amour pour la danse — et ça faisait du bien, comme un bon show rock, raconte Stéphane Labbé en riant. Alors, quand on m’a approché pour devenir directeur général, je me suis dit : “Pourquoi pas ?!” »

Diplômé de l’École de danse contemporaine de Montréal, autrefois appelée LADMMI, Stéphane Labbé a dans une première période de sa vie été danseur pour une compagnie qui tournait aux États-Unis et en Europe. « Un soir de spectacle, je me rappelle très bien m’être dit : “Un jour, je dirigerai une compagnie de danse.” Ça m’interpellait déjà », relate-t-il. Il a par la suite mis les pieds à Tangente, auprès de Dena Davida, avec qui il a assuré la codirection pendant près de 20 ans.

Mais qui dit arrivée dit aussi départ. En acceptant l’offre des BJM, M. Labbé voyait alors les portes de Tangente se fermer. Ce fut cependant une bonne chose, car le directeur général du lieu de diffusion « se questionnait » depuis déjà quelque temps. « J’étais dans un moment de ma vie où je me posais des questions, pour moi et aussi pour Tangente. Je l’ai amené où j’avais le goût, aux côtés de Dena Davida. J’ai contribué au déménagement à l’Édifice Wilder, à la création d’une équipe commissariale. Tout ça a été concrétisé, c’était vraiment super, mais je pense que Tangente a aussi besoin de nouveaux regards, de nouveaux formats peut-être… » explique-t-il.

En explorant les possibilités de son nouveau poste aux Ballets jazz Montréal, Stéphane Labbé redécouvre la compagnie. « Les BJM ont un super beau parcours international, mais j’avais pourtant l’impression qu’ils étaient encore méconnus au Québec et à Montréal. Je me suis demandé pourquoi une telle compagnie, renommée à l’international, pouvait avoir si peu de reconnaissance ici. Alors, c’est la mission que je me suis donnée », dit-il. Dès ses premières discussions avec Alexandra Damiani, cette nouvelle perspective se met alors en place.

« C’est vraiment une intention commune, un désir qu’on partage, indique cette dernière. Il y a 20 ans, je dansais pour la compagnie, alors j’ai eu le temps de voir les défis — et les BJM n’ont pas eu de racines. Dès le départ, ils ont été pensés comme une compagnie de tournée, à l’international. Et on veut garder ça, c’est important, mais on a besoin de s’ancrer ici, dans notre communauté de la danse. Il faut des racines profondes pour aller vers le ciel. »

Devenir une seule équipe

« J’étais codirecteur artistique et général à Tangente, et la relation entre les deux pans de l’organisation a toujours été importante pour moi. Je ne m’impose pas au niveau artistique, mais je dois m’assurer d’être un chef d’orchestre, que tous les membres de l’équipe soient en harmonie, qu’on travaille dans la même direction », dit Stéphane Labbé, précisant que c’est une volonté encore plus importante « par les temps qui courent, où la culture écope ».

La directrice artistique des BJM partage cet avis. « Le lien entre l’artistique et le général est une question profonde, mais, pour moi, c’est vital qu’il y ait une synergie entre les deux. À mes yeux, c’est un travail d’équipe, complémentaire. La direction artistique va donner la direction, mais en même temps, s’il n’y a pas les finances, les partenaires, la stratégie, le bateau ne va nulle part. La magie opère quand tout le monde travaille main dans la main », ajoute-t-elle.

Ainsi, en plus du mandat de développer davantage les relations locales avec la communauté de la danse, Stéphane Labbé et Alexandra Damiani souhaitent bâtir une équipe solide et « prête pour le nouveau chapitre ». « Six nouveaux danseurs se sont ajoutés à la compagnie cet automne, les choses bougent aussi au sein du CA et une nouvelle création se dessine déjà », énumère le nouveau directeur général.

Selon Mme Damiani, des projets plus importants viendront dans un deuxième temps. « Je pense qu’on est tous les deux ambitieux et qu’on va vouloir que ça grandisse encore plus. J’ai confiance que les gros projets vont venir de l’intérieur vers l’extérieur. Il faut qu’on y aille une chose à la fois et le faire de façon saine. Les pirouettes iront bien si la préparation est bien faite. »

La nouvelle équipe des BJM se prépare donc déjà à remonter sur scène. En effet, elle prévoit une nouvelle création pour l’automne 2025. Bien que l’artiste chorégraphe invité reste encore secret, quelques indices ont pu être donnés. « C’est quelqu’un d’expérience, qui va apporter quelque chose de nouveau à la compagnie. Il va mettre de l’avant l’unicité, la beauté et la polyvalence des artistes, mais aussi l’humour. Ça va être un voyage émotionnel pour le public. Un homme aux arts vivants, forts, percutants, sans artifices », lâche la directrice artistique.

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