«Assassin’s Creed Shadows» prouve qu’il a encore besoin d’être peaufiné

La ninja Naoe dans «Assassin’s Creed Shadows»
Photo: Ubisoft La ninja Naoe dans «Assassin’s Creed Shadows»

Après avoir vu sa date de sortie repoussée pas moins de deux fois, Assassin’s Creed Shadows, le prochain épisode de la série de jeux de Ubisoft qui utilise l’Histoire comme terrain de jeu, arrivera finalement le 20 mars prochain, près de quatre mois après sa date de sortie initiale. Une pratique de plus en plus courante dans l’industrie, mais qui amène aussi son lot de doutes sur la qualité d’un jeu.

Pour y voir plus clair, Le Devoir a été invité par Ubisoft à tester une version préliminaire de Shadows pendant quelques heures.

Pour ce nouvel opus, l’équipe de Ubisoft Québec — qui mène le développement du projet — a décidé de répondre à la plus grande demande des amateurs de la saga : offrir un épisode ayant comme décor le Japon féodal. Plus précisément, les joueurs exploreront, katana et lame secrète à la main, un Japon en plein changement politique vers la fin du XVIe siècle.

Le monde ouvert conçu par Ubisoft, fidèle à son habitude, est très beau. Ses paysages à couper le souffle et ses denses villages débordant de détails ne demandent qu’à être explorés. Un système de saison modifie les environnements, offrant de nouvelles possibilités au joueur — un lac sera gelé en hiver et les ennemis seront plus présents à l’extérieur en été, par exemple. Le passage présenté au Devoir se déroulait toutefois exclusivement au printemps, permettant d’apprécier les magnifiques cerisiers en fleur, un réel plaisir pour la rétine.

Entre renouveau et familiarité

En quelques minutes de jeu, il est déjà impossible de s’y méprendre : l’épisode s’inscrit dans la formule « jeu de rôle » qu’a entamée la franchise avec Assassin’s Creed Origins en 2017. Points d’expérience et équipements à foison sont donc au rendez-vous pour faire évoluer les deux personnages jouables de différentes manières. Difficile d’évaluer ces systèmes — Le Devoir a été lancé dans une partie déjà bien avancée —, mais le tout semble de prime abord plus raffiné.

C’est d’ailleurs ici que Shadows propose sa nouveauté la plus efficace : deux protagonistes bien distincts, qui permettent de répondre au problème d’identité dont souffre Assassin’s Creed depuis quelques années. En un mot : au fil du temps, ce qui a débuté comme une série de jeux d’infiltration a de plus en plus mis le combat en avant.

Ubisoft Québec a donc trouvé une solution afin de plaire aux amateurs d’infiltration sans s’aliéner les autres : donner le choix entre Naoe, une ninja discrète mais moins habile au corps à corps, et Yasuke, un samouraï qui peut agir comme une petite armée à lui seul, mais qui est beaucoup moins à sa place lorsqu’il s’agit de faire des pirouettes sur les toits.

Ce dernier marque d’ailleurs une première pour la saga en étant le premier personnage jouable à être une réelle figure historique. Yasuke est un ancien esclave qui est arrivé au Japon par l’intermédiaire de commerçants portugais. Il se mit ensuite à servir le daimyo Oda Nobunaga, personnage qui sera central dans l’intrigue de Shadows.

Photo: Ubisoft Les personnages Yasuke et le daimyo Oda Nobunaga dans le jeu «Assassin’s Creed Shadows»

Les deux protagonistes travailleront et évolueront donc ensemble. À l’aide d’un menu et d’un bouton, il est possible de changer qui on incarne presque à tout moment, ce qui permet de prioriser les forces de l’un et de l’autre. Infiltrer un temple grouillant de ronins montant la garde pour recueillir de l’information est plus simple avec Naoe et son grappin, mais est tout de même possible avec Yasuke. Le bruit produit par l’armure du samouraï n’empêche pas la discrétion ; les esquives rapides de la ninja lui permettent de survivre si elle est repérée.

Lors de certaines missions où les deux sont présents, le jeu propose même de changer de personnage entre deux séquences. Il fut donc possible d’utiliser Yasuke et sa capacité à briser des portes pour forcer l’entrée d’un château, puis d’incarner Naoe pour se débarrasserdes ennemis plus furtivement. Une transition qui se réalise de manière on ne peut plus fluide, à l’aide d’une cinématique où les deux personnages discutent de leur plan.

On ne peut cependant dire la même chose du changement de personnage lors de l’exploration du monde du jeu, où un simple écran de chargement brise l’immersion. Ladite immersion, si bien développée lors de l’exploration ou lors des combats contre un seul ennemi, disparaît aussi lors des combats de groupe, trop chaotiques, et lors des séquences d’obstacles et d’infiltration, qui se révèlent trop souvent maladroites.

Constat : le jeu a sans conteste du potentiel — la vitesse de Naoe et les superbes animations de combat de Yasuke se démarquent —, mais a encore grand besoin d’être peaufiné. Espérons que le temps additionnel sera utilisé à bon escient et que, contrairement à l’histoire décousue d’Assassin’s Creed Valhalla (2020), la trame narrative d’Assassin’s Creed Shadows donnera envie de continuer.

Assassin’s Creed Shadows

Conçu par Ubisoft Québec et édité par Ubisoft. Sur PC, Xbox Series X & S, PlayStation 5, ainsi que sur les appareils Mac et iPad récents. Lancement le 20 mars 2025.

À voir en vidéo