Nétanyahou applaudit le plan «révolutionnaire» de Trump pour Gaza

Des Palestiniens déplacés traversaient le corridor de Netzarim en direction du nord de la bande de Gaza, le 9 février 2025, après le retrait de l’armée israélienne.
Photo: Eyad Baba Agence France-Presse Des Palestiniens déplacés traversaient le corridor de Netzarim en direction du nord de la bande de Gaza, le 9 février 2025, après le retrait de l’armée israélienne.

Le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a qualifié dimanche de « révolutionnaire » la proposition du président américain, Donald Trump, qui prévoit un contrôle américain de la bande de Gaza et le déplacement des Palestiniens, affichant un ton triomphal devant son cabinet après son retour de Washington.

Malgré l’entrée en vigueur d’une trêve entre Israël et le Hamas le 19 janvier dans le territoire palestinien dévasté par 16 mois de conflit, déclenché par l’attaque du mouvement islamiste sur le sol israélien le 7 octobre 2023, les tensions diplomatiques sont vives autour de l’après-guerre.

La récente annonce de Donald Trump d’un projet de prise de contrôle de Gaza par les États-Unis et d’un déplacement de sa population vers l’Égypte ou la Jordanie a suscité une vague de condamnations dans le monde et porté un coup à l’accord de cessez-le-feu déjà fragile.

Tandis que certains pays arabes hostiles à tout déplacement forcé des Gazaouis tentent de se coordonner pour apporter une réponse commune au plan américain, M. Nétanyahou a semblé laisser entendre jeudi dans une interview qu’un État palestinien pourrait être établi sur le territoire saoudien, ce qui a suscité la colère de Riyad.

Pendant ce temps à Gaza, Israël a achevé dimanche son retrait du couloir de Netzarim, qui coupe le territoire d’est en ouest, entraînant d’immenses files de Palestiniens rentrant chez eux au nord comme au sud, à bord de véhicules surchargés de bagages.

« Les forces israéliennes ont démantelé leurs positions et postes militaires […] du couloir de Netzarim », ce qui permet aux véhicules de circuler librement, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) un responsable du ministère de l’Intérieur dirigé par le Hamas.

« Dangereux »

Ce couloir, établi en décembre 2023, avait été rouvert fin janvier et avait déjà permis à des centaines de milliers de déplacés de regagner le nord du territoire.

Dans un quartier de la ville de Gaza, Mahmoud al-Sarhi a découvert sa maison détruite. Mais, malgré le retrait des troupes israéliennes, cet homme de 44 ans ne se sent pas en sécurité.

« La zone est impropre à une vie normale. C’est très dangereux », dit-il à l’AFP.

Cette réouverture intervient au lendemain d’un cinquième échange d’otages israéliens à Gaza contre des prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Selon un haut responsable du Hamas, Israël devait se retirer du couloir de Netzarim après le cinquième échange, selon les conditions de la première phase de six semaines de l’accord de trêve.

L’attaque du Hamas le 7 octobre a entraîné la mort de 1210 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes.

Au total, 251 personnes ont été enlevées ce jour-là.

L’offensive israélienne menée en représailles sur la bande de Gaza a fait au moins 48 181 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.

« Résultats extraordinaires »

Samedi, trois otages israéliens, très éprouvés physiquement, ont été libérés lors d’une nouvelle mise en scène orchestrée par le Hamas, en échange de 183 Palestiniens.

Benjamin Nétanyahou a dénoncé des « images choquantes », promettant une nouvelle fois « d’éliminer » le Hamas et de ramener les otages toujours retenus à Gaza.

« La libération des otages ne peut être retardée », a déclaré la famille d’Alon Ohel, 23 ans, un des otages toujours retenus à Gaza, après avoir reçu « un premier signe de vie » de lui par les ex-captifs récemment libérés.

Selon l’armée israélienne, 73 otages sont toujours retenus à Gaza, dont au moins 34 sont morts.

Le Hamas a pour sa part dénoncé ce qu’il a qualifié de « meurtre à petit feu » des détenus palestiniens dans les prisons israéliennes, après l’hospitalisation de sept d’entre eux.

À Washington, MM. Nétanyahou et Trump, alliés de longue date, se sont rencontrés cette semaine pour discuter de l’après-guerre.

« Le président Trump est venu avec une vision complètement différente et bien meilleure pour Israël — une approche révolutionnaire et créative », a déclaré le premier ministre dimanche.

Il a affirmé que Donald Trump était « très déterminé à la mettre en œuvre » et que leurs entretiens avaient débouché sur « des résultats extraordinaires ».

M. Nétanyahou avait annoncé avant ces déclarations l’envoi de négociateurs au Qatar, le principal pays médiateur, pour discuter de la suite de la trêve.

« Coups de semonce »

Un responsable politique du Hamas, Bassem Naïm, avait de son côté affirmé samedi à l’AFP qu’Israël mettait « en danger » le cessez-le-feu et que celui-ci « pourrait s’effondrer ».

La Défense civile a en outre affirmé que les forces israéliennes avaient abattu trois civils dimanche dans la ville de Gaza, l’armée disant avoir tiré des « coups de semonce » sur des Palestiniens qui s’étaient approchés de ses troupes.

La deuxième phase du cessez-le-feu est censée aboutir à la libération de tous les otages et à la fin définitive de la guerre, avant une étape finale consacrée à la reconstruction de Gaza.

Depuis le début de la trêve, 16 otages israéliens ont été libérés, auxquels se sont ajoutés 5 Thaïlandais (hors accord), en échange de 765 prisonniers palestiniens.

Le chef de la diplomatie égyptienne, Badr Abdelatty, est parti dimanche pour Washington, alors que le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, est attendu la semaine prochaine au Moyen-Orient.

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