Après neuf ans au Québec

« Le Québec est un chef de file à bien des égards, mais nous profitons rarement de l’occasion pour nous en vanter », écrit l’auteur, qui habite la province depuis maintenant neuf ans.
Photo: Valérian Mazataud Archives Le Devoir « Le Québec est un chef de file à bien des égards, mais nous profitons rarement de l’occasion pour nous en vanter », écrit l’auteur, qui habite la province depuis maintenant neuf ans.

Il y a neuf ans, j’ai pris la décision de quitter la Nouvelle-Angleterre pour le Québec, un endroit qui m’offrait la possibilité de retrouver et de nourrir une identité culturelle que je craignais de perdre. Le Québec, avec sa société francophone dynamique et ses traditions distinctes, m’a depuis donné un sentiment d’appartenance et de fierté. Mais en réfléchissant à mon parcours, je suis frappé par le fait que le Québec lui-même sous-estime souvent ses forces et son caractère unique.

Le Québec est un chef de file à bien des égards, mais nous profitons rarement de l’occasion pour nous en vanter. Montréal, par exemple, jouit du taux de criminalité le plus bas de toutes les grandes villes d’Amérique du Nord, d’une scène artistique florissante et d’un mode de vie bon vivant et ouvert aux arts. Le Québec dans son ensemble est un pionnier en matière de progrès social. Il se targue d’avoir le taux le plus élevé de femmes sur le marché du travail, des garderies universelles (CPE), le plus long congé parental d’Amérique du Nord — accessible à tous les parents, quel que soit leur sexe — et les frais de scolarité universitaires les plus bas du continent.

Sur le plan culturel, le Québec se démarque en défiant les normes nord-américaines. Les francophones y ont le taux de mariage le plus bas, et les femmes ne prennent pas le nom de famille de leur partenaire. Le Québec a également le taux d’athéisme le plus élevé d’Amérique du Nord. Ces détails peuvent sembler anodins, mais ils témoignent d’une société qui valorise l’égalité, l’indépendance et la pensée progressiste. Le Québec peut sans doute se targuer d’être la société la plus féministe et la plus inclusive du continent, favorisant l’égalité entre les sexes et la reconnaissance des droits de la communauté LGBTQ+.

Pourtant, malgré toutes ces réalisations, le Québec hésite souvent à s’approprier sa spécificité et à raconter son histoire. Cette réticence contraste fortement avec des villes comme Boston, où les habitants célèbrent fièrement l’identité culturelle et historique de leur ville, enracinée dans ses communautés irlandaise et italienne. Bien qu’ils puissent critiquer certains aspects de leur ville, leur fierté transparaît toujours.

Oui, nous avons beaucoup de choses à améliorer et aucune société n’est parfaite — nous sommes loin du compte. Oui, la construction semble sans fin. Non, je ne crois pas qu’il y ait plus de corruption ici qu’à Toronto, Boston ou New York. Boston a même connu des problèmes avec sa version de la DPJ pendant des décennies. (Les Dropkick Murphys ont même écrit une chanson sur ce sujet et sur le fait d’avoir grandi dans le système de l’« État du Massachusetts ».) Nous passons simplement plus de temps dans les médias à parler de ce qui ne fonctionne pas ici qu’à parler de ce qui nous fait briller. Chaque fois que l’on parle de nos points forts, on ajoute toujours une mise en garde du type « oui, mais il y a aussi ceci ».

En tant que personne ayant embrassé la vie au Québec et ayant fait l’expérience directe de la vitalité de sa culture, je crois qu’il est temps pour nous de nous débarrasser de notre modestie. Célébrons et nommons les nombreuses raisons pour lesquelles le Québec est exceptionnel. Nous sommes sacrément bons, faisons en sorte que tout le monde le sache.

C’est Montréal. C’est le Québec ! Et il faut qu’on l’assume avec ses attributs en travaillant ensemble pour atteindre des solutions !

C’est le point de vue de quelqu’un qui vit ici depuis neuf ans et qui aime l’extraordinaire, le bon, mais qui assume aussi le mauvais et qui sait qu’il faut trouver des solutions.

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