Alloprof plaide pour l’usage des écrans à des fins pédagogiques en classe

L’organisme Alloprof met en garde les parlementaires contre une interdiction complète de l’usage des écrans dans les écoles, rappelant que ceux-ci peuvent apporter « des bénéfices documentés » dans le domaine pédagogique.
« Nous ne cherchons pas à minimiser les problèmes que certains autres usages peuvent causer aux jeunes », a soutenu d’entrée de jeu la directrice générale d’Alloprof, Sandrine Faust, qui a témoigné à la commission spéciale sur les impacts des écrans mercredi. Elle estimait néanmoins qu’il est « essentiel de présenter à la commission une distinction fondamentale entre l’usage des écrans à des fins éducatives et leurs usages purement récréatifs ».
Dans son mémoire, l’organisme plaide que « tous les usages de l’écran ne sont pas équivalents » et que les outils pédagogiques interactifs « stimulent la réflexion, l’analyse et la résolution de problèmes », tout en favorisant la motivation de l’élève et en développant son autonomie.
« Dans l’environnement technologique, la rigueur et l’agilité sont de mise pour éviter de tomber dans les extrêmes d’une surexposition malsaine ou d’une rigidité qui risquerait de nuire au potentiel d’apprentissage des jeunes et à la perception qu’ils ont de l’école », écrivent les auteurs du mémoire, qui fait un peu moins d’une vingtaine de pages.
À lire aussi
Invité par les parlementaires à développer sur l’aspect « rigidité » dont ils devraient se méfier, le directeur Marc-Antoine Tanguay a précisé qu’il s’agit d’éviter « l’autre extrême d’une interdiction totale de l’utilisation de tout écran » à l’école. « Le danger qu’on voit là-dedans, c’est qu’on perd le bénéfice — on est capables d’en démontrer — de l’utilisation des outils numériques pour certains apprentissages », explique-t-il.
« L’autre chose, poursuit-il, c’est que si l’école est complètement déphasée par rapport à ce qui existe dans la réalité extérieure chez les jeunes, ils risquent de la trouver ringarde, et ça, c’est un risque qu’on peut courir et qui serait dommage. Parce que l’école doit être un chef de file là-dedans. Si elle veut être crédible pour éduquer les jeunes dans l’utilisation des appareils, elle ne peut pas se permettre de les interdire complètement. »
Soutenir les profs
Si à une certaine époque Alloprof déployait ses services par téléphone, aujourd’hui, 99 % du travail se fait par les écrans, pour un total de 60 millions d’accompagnements offerts à 550 000 élèves, à 420 000 parents et à près de 100 000 enseignants par an. Et 40 % de ces services sont utilisés depuis l’école, pendant les heures de classe, constate l’organisme.
« C’est souvent utilisé à travers l’enseignant », explique M. Tanguay en entrevue au Devoir. Les enseignants vont par exemple présenter une vidéo éducative réalisée par Alloprof pour expliquer une nouvelle notion. Ils peuvent aussi demander aux élèves de faire des exercices sur la plateforme pour « valider leur compréhension » d’un sujet vu en classe, illustre M. Tanguay.
« On sait que le fait de jouer à des jeux vidéo éducatifs sur Alloprof est une récompense assez souvent offerte le vendredi après-midi par les enseignants du primaire, un type d’usage un peu plus ludique qui va permettre quand même de consolider les apprentissages », ajoute-t-il, sur un ton plus rigolo. Sans oublier les élèves qui vont réviser le matin et sur l’heure du midi juste avant un examen.
Le directeur d’Alloprof précise par ailleurs qu’il s’agit d’une « ressource importante pour accompagner les enseignants dans leur travail », arguant que 81 % des enseignants disent l’utiliser, une proportion qui augmente à 91 % chez ceux qui ont moins de cinq ans d’ancienneté. De nouveaux services offerts spécifiquement aux enseignants pour les aider dans leur planification de cours sont à ce point populaires que l’organisme constate une « hausse record de 150 % » de la demande.