L’Algarve, de l’Ancien au Nouveau Monde
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs
Surfréquenté l’été, l’Algarve se parcourt mieux durant l’arrière-saison : l’ensoleillement demeure exceptionnel, le climat perdure dans sa clémence, et tant les villes que les bourgades, délestées de leur surcharge humaine, se laissent plus aisément aborder.
Né par et pour la mer, le Portugal était destiné à prendre le large. Avec un seul voisin terrestre — l’Espagne — et l’Atlantique comme unique horizon, il allait de soi que le pays de Vasco de Gama larguerait un jour les amarres pour respirer et aspirer à plus de grandeur que son lopin de territoire ibérique.
C’est ce qu’avait compris Henri le Navigateur, ce monarque qui voyait plus loin que les limites du monde connu au XVe siècle, et qui lança l’ère des « grandes découvertes ». Avant que d’autres nations européennes suivent son sillage, l’Algarve vit bientôt de hardis marins prendre la mer pour explorer le globe : Madère, le Cap-Vert, les Açores d’abord ; puis le Brésil, l’Angola, le Mozambique, Goa, Malacca, les Moluques…
Sagres, la proue de l’Occident
C’est depuis Sagres que furent planifiées les premières expéditions vers tant de terræ incognitæ, là où le prince Henri fonda sa célèbre école où il réunit géographes, astronomes et autres mathématiciens. Sur le site de la forteresse qui trône toujours au bout d’un promontoire, le Centre des découvertes rappelle cet âge d’or du Portugal.
Aujourd’hui, la paisible Sagres est surtout prisée par les surfeurs, qui prennent eux aussi d’assaut les vagues, mais pour en épouser les rouleaux depuis les longues plages fermées par des falaises tantôt grèges, tantôt ocre.
Juste à côté, un autre promontoire défie la mer : c’est le mythique cap Saint-Vincent, la pointe ouest la plus avancée de l’Europe continentale et le dernier bout de terre que voyaient les navigateurs lorsqu’ils quittaient Sagres ou… Lagos.
Flagosser à Lagos
Devant la mignonne façade de la maison de la Douane de Lagos, on peine à s’imaginer les abominations qui ont déjà eu cours ici. Dès 1441, l’endroit forma le premier marché d’esclaves du Portugal, dans la foulée des premières expéditions sur les côtes africaines.
Au second étage de l’immeuble, un petit musée évoque timidement ce triste épisode de l’histoire du pays, comme s’il ne fallait pas trop insister sur le sujet. Bien plus intéressante est la visite du musée municipal, greffé à la splendide Igreja de Santo Antonio, une petite église dont les boiseries maniérées dégoulinent d’or — de l’or du Nouveau Monde, il va sans dire.

Tour à tour phénicienne, romaine, maure et ancienne capitale de l’Algarve, Lagos servit tout autant — sinon plus — de point de départ aux expéditions, aux XVe et XVIe siècles. De nos jours, on se souvient surtout d’elle pour les murailles crénelées de son enceinte fortifiée et pour les jolies ruelles animées et bondées de terrasses de son centre historique.
En quittant Lagos vers le nord-ouest, on gagne rapidement le placide arrière-pays, ses collines tavelées d’oliveraies, de figuiers et d’argousiers et ses longues plages exemptes d’hôtels ; en s’éloignant vers l’est, on investit plutôt les terrains de jeu des vacanciers.
Le monde d’après
Après avoir servi à faire découvrir une (petite) partie du monde, l’Algarve est désormais découvert par (beaucoup) de monde : Néerlandais, Allemands, Britanniques et autres gens du nord en mal de vitamine D viennent allègrement se la couler douce ici.
Avec 300 jours d’ensoleillement par année, une brise permanente qui rafraîchit les jours les plus torrides, des liserés sablonneux lovés au pied de falaises couleur de miel et une incroyable capacité hôtelière, l’Algarve joue à fond la carte touristique — comme à Albufeira, complètement rompue à ses diktats.
À l’est de Lagos, la côte sud forme d’ailleurs une suite quasi ininterrompue d’ensembles immobiliers et hôteliers. Çà et là, les falaises sont entrecoupées de craquants petits ports de pêche aux maisons blanches piquées de teintes bigarrées, comme Carvoeiro et Ferragudo, où dodelinent les moliceiros, ces jolies chaloupes à la proue recourbée. Puis arrive Faro, capitale de l’Algarve.
De Faro à Tavira
Même si elle forme la principale porte d’entrée de la région, Faro a su préserver une certaine authenticité à l’intérieur de ses vieux murs. Au-delà de la porte arabe qui perce les remparts, la Igreja de Nossa Senhora do Carmo éblouit par l’orgie baroque de sa nef et étonne surtout par sa petite Capela dos Ossos.
Recouverte à l’intérieur des crânes et des ossements d’un millier de moines carmélites, cette « chapelle des os » vise à rappeler aux mortels la finalité inéluctable de l’existence dans un cadre joliment lugubre.

À l’est de Faro, la côte se fait bientôt plus joyeuse parce que moins densément bâtie, vu la présence du parc naturel de la Ria Formosa : 60 km d’îles-barrières, de zones humides, de marais salants, de dunes couleur cassonade et, bien sûr, de plages épatantes.
On croise bien vite Olhão, mignonne ville de pêcheurs au dédale de ruelles qui suivent le tracé de l’ancienne médina arabe, puis se profile Tavira, ravissante bourgade aux romanesques façades décaties. Son pont romain enjambe toujours la Séqua et son château mauresque de 1292 domine ses hauteurs, rappelant la présence des anciens occupants.
Son immense plage aurait dû attirer des contingents de vacanciers, mais comme elle est située sur une île à laquelle on n’accède qu’en traversier, elle n’a pas suscité l’intérêt des promoteurs. Mieux : quand le tsunami qui a suivi le grand séisme de 1755 a déferlé sur Tavira, il a fortement ensablé son port. Dès lors, quantité de plaisanciers lui ont préféré d’autres ports d’attache — pour le plus grand salut de la ville.
N’est-il d’ailleurs pas agréablement paradoxal qu’une puissante déferlante venue du large ait prémuni une destination des vagues de touristes provenant d’ailleurs ?
Gary Lawrence était l’invité de Tourisme Algarve et TAP Air Portugal, qui n’ont eu aucun droit de regard sur ce texte.
Infos pratiques
• TAP Air Portugal relie Montréal et Lisbonne toute l’année, en plus de desservir plusieurs aéroports régionaux, dont celui de Faro.
• Si juillet et août sont très prisés, l’Algarve se visite toute l’année, y compris l’hiver si l’on ne tient pas mordicus à se baigner.
• Situé dans une « communauté hôtelière » huppée, le Martinhal Quinta do Lago forme une sorte de regroupement de ravissantes villas ultraconfortables, toutes dotées d’une piscine privée. La plage attenante, bordée par la réserve naturelle de la Ria Formosa, est splendide et immensément longue.
• Vaste établissement hôtelier familial, le Hilton Vilamoura propose de grandes chambres, des suites et des miniappartements modernes. Présentement en rénovation, il rouvrira en février 2025.
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