2024 dans l’œil de Valérian Mazataud
Les photographes posent un regard très personnel sur l’actualité. Nous leur avons demandé de choisir leurs images préférées de l’année qui s’achève. Entre phénomène astronomique, rencontre émouvante et grand reportage, voici la sélection de Valérian Mazataud.

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Pour la première fois de sa carrière, Valérian Mazataud a pu prendre cette année des photos d’une éclipse solaire totale. Un défi technique, puisque la lumière change assez rapidement pendant une éclipse. C’est dans une petite école de Charlevoix qu’il a passé la journée du 8 avril. Contrairement à plusieurs établissements scolaires qui avaient choisi de fermer leurs portes pour la journée, l’École Notre-Dame-de-la-Paix de Saint-Simon a permis aux enseignants, élèves et parents de se réunir pour célébrer le moment. « C’était chouette d’avoir pu prendre des photos avec des enfants de cet âge-là, qui sont quand même assez expressifs, et en même temps émerveillés », se remémore-t-il. Valérian Mazataud Le Devoir

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À gauche, une photo prise lors d’un entraînement de hockey de l’aréna Chaumont, dans le nord-est de Montréal, où des dizaines de jeunes issus de l’immigration se réunissent pour apprendre les rudiments du sport national d’hiver. Pour Valérian Mazataud, cette photo est un très bel exemple de mélange entre l’identité québécoise et « la nouvelle identité québécoise, qui est plus forgée par l’immigration ». Le nom du jeune garçon écrit sur son casque, « Moussa », donne une lecture visuelle intéressante qui permet de situer l’action, selon le photographe. À droite, la photo a été prise une journée où Valérian Mazataud a suivi les élagueurs d’Hydro-Québec. « Je me suis demandé : comment est-ce qu’ils font exactement pour empêcher que des arbres tombent pendant les tempêtes ? » Finalement, c’est le côté acrobatique du travail de ces élagueurs qu’il a voulu capturer. « Ils manient des tronçonneuses en hauteur, c’est quand même impressionnant », raconte-t-il. Le cadrage plutôt éloigné de la photo permet « de vraiment bien comprendre le contexte ». Valérian Mazataud Le Devoir

3
Dans un CHSLD de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Valérian Mazataud a pu photographier une activité de danse et de musique vouée à faire émerger des contacts entre les résidents en perte d’autonomie et l’équipe artistique. « De voir des réactions de personnes complètement isolées, qui s’ouvrent grâce à l’art, c’était incroyable à vivre », explique-t-il. Cette photo démontre selon lui la puissance des interactions humaines. « La musicienne est juste en train de faire résonner le tambourin sur l’oreille du monsieur, et donc c’est vraiment quelque chose de très organique, de très enfantin aussi. » Valérian Mazataud Le Devoir

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Cette photo a été prise à l’aide d’un drone à l’occasion d’un reportage sur l’érosion côtière dans les Outer Banks, en Caroline du Nord, avec la journaliste Sandrine Vieira. Cette maison sur pilotis a semblé pour le photographe un symbole marquant des effets du changement climatique sur la région. « Il y a un côté symbolique, être seul face à la montée des eaux », précise le photographe en revisitant l’image. Sur la plage de la ville de Rodanthe, au coin de Corbina Drive, plusieurs constructions du genre se sont écroulées quelques jours après la visite du photographe. Valérian Mazataud Le Devoir

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La simplicité du moment partagé avec Marcel Sabourin a particulièrement marqué Valérian Mazataud cette année, qui se rappelle avoir eu une tonne de photos différentes parmi lesquelles choisir à l’issue de cette rencontre. « C’est un clown, il est inarrêtable ! Il a fait des affaires différentes à chaque photo, il n’arrêtait pas de bouger. » Rencontré à l’occasion de la sortie du documentaire Au boute du rien pantoute, de son fils Jérôme Sabourin, Marcel Sabourin n’a pas arrêté de raconter des blagues, se rappelle le photographe. « L’idée, pour moi, c’est d’arriver à capturer, en photo, la rencontre avec quelqu’un. L’échange que je peux avoir pendant un petit laps de temps avec la personne. » Valérian Mazataud Le Devoir

6
« J’avais entendu parler d’une personne qui faisait la tournée des fermes avec une petite van pour vendre des produits latinos. » C’est ainsi que l’idée de son photoreportage a débuté. Pendant une journée, il a pu suivre la camionnette du Marché Latino de Joliette, qui dessert les travailleurs agricoles temporaires dans la couronne nord de Montréal. Avec la grange de ferme « ultratypique québécoise » en arrière-plan et les poignées de mains échangées, cette photo symbolise réellement ce qu’il désirait mettre en images. « Je trouvais ça important de trouver un sujet transversal au récit des travailleurs immigrants qui ne soit pas juste porté sur leur valeur économique ou leur valeur de travail, ou sur les enjeux que ça peut entraîner dans la société d’accueil, mais quelque chose qui nous ramène vraiment au niveau humain, puis terrestre », explique le photographe. : tortillas, fromages, croustilles, ou sauce piquante. De quoi mettre un peu de baume sur le cœur de ces travailleurs, qui passent la majorité de l’année loin de chez eux. Reportage photo sur la route avec la camionnette du Marché Latino de Joliette, qui dessert les travailleurs agricoles temporaires de la couronne nord de Montréal. Valérian Mazataud Le Devoir

7
Les couleurs vives de la photo ne sont pas seulement jolies, mais aussi significatives pour Valérian Mazataud. En Caroline du Nord, des escortes de la clinique d’avortement aident les patientes à se rendre de leurs voitures jusqu’aux portes de la clinique. « Certains jours là-bas, il y a tellement de manifestants antiavortement que ça peut être vraiment mêlant. Tout le monde a des pancartes, donc eux ont choisi des couleurs franches et vives », souligne le photographe. « Il y a certaines personnes, je trouve, qui ont quand même une certaine facilité à poser et à montrer de la sérénité sur les images. Kim [l’accompagnatrice photographiée] en fait partie. » Valérian Mazataud Le Devoir

8
Après plusieurs années à vouloir photographier le danseur Luca « Lazylegz » Patuelli, c’est cette année que Valérian Mazataud a finalement eu la chance de le faire. « Il avait déjà un peu d’expérience avec les médias, il savait déjà un peu quoi faire », se rappelle-t-il. Le défi a été de choisir une configuration qui mettait au maximum en valeur un mouvement « super impressionnant », mais qui se photographie bien pour que ce soit le plus « visuel possible ». Valérian Mazataud Le Devoir