Décès de Jean-Denis Gendron, qui a présidé une commission d’enquête sur le français

Jean-Denis Gendron, qui a présidé la Commission d’enquête sur la situation de la langue française et sur les droits linguistiques au Québec de 1968 à 1972 et ouvert la voie pour l’adoption du français comme langue officielle et comme langue du travail du Québec, est décédé dimanche dans son sommeil, à l’âge de 100 ans.
Mandatée par le premier ministre du Québec Jean-Jacques Bertrand, puis par Robert Bourassa, pour dresser un état des lieux de la langue, la Commission a été créée dans la foulée de ce qu’on appelle la crise de Saint-Léonard, où des Québécois francophones et italophones se sont affrontés sur la question des droits linguistiques en milieu scolaire. La Commission a cependant vite vu son mandat s’élargir pour s’intéresser à l’ensemble de la situation linguistique au Québec. « La langue française, ç’a été toute sa vie, disait mercredi sa fille Dominique Gendron. Il l’a étudiée, il l’a enseignée, ç’a été le moteur de sa recherche. Il l’a explorée historiquement, fondamentalement à travers la société québécoise. Il s’est intéressé à la prononciation également. »
Jean-Denis Gendron était en effet déjà nonagénaire lorsqu’il a publié son dernier ouvrage, La modernisation de l’accent québécois. Dans un précédent ouvrage, D’où vient l’accent des Québécois ? Et celui des Parisiens ?, M. Gendron établissait notamment que l’accent québécois avait directement hérité du français de la cour de France, dont les usages ont de leur côté graduellement disparu dans l’Hexagone. Né à Saint-Antoine-sur-Richelieu, Jean-Denis Gendron aura vécu la majeure partie de sa vie dans la région de Québec. Professeur à l’Université Laval dès 1950, il y fonde le laboratoire de phonétique instrumentale de cette université.
« Tout au long de sa carrière, l’effort de recherche et de réflexion de monsieur Gendron a porté sur deux thèmes connexes : le premier, sur la définition d’une norme de langage au Québec, tout particulièrement en ce qui touche la prononciation, norme à propos de laquelle il a publié deux ouvrages et 13 articles ; le second a porté sur la place du français comme langue d’usage au Québec, surtout comme langue du travail », peut-on lire sur le site de l’Ordre national du Québec, dont il a été décoré en 1992.