13,6 millions de dollars destinés à des travaux n’ont pas été dépensés par des cégeps et des universités

La ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne La ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry

Une somme de 13,6 millions de dollars est retournée dans les coffres du gouvernement du Québec de la part de cégeps et d’universités qui n’ont pas dépensé l’entièreté des sommes mises à leur disposition cette année pour financer l’entretien et l’agrandissement de leurs bâtiments, a appris Le Devoir.

L’an dernier, le gouvernement avait imposé pour la première fois à ces établissements un plafonnement des dépenses destinées, entre autres, à la réfection de leurs bâtiments et à l’achat de matériel. La décision avait soulevé un tollé dans le réseau collégial, nombre de cégeps affirmant s’être vu imposer une limite nettement inférieure aux dépenses qu’ils avaient prévues pour répondre à leurs besoins.

« On a établi des seuils pour mieux suivre les projets, pour mieux accompagner les cégeps et, surtout, pour s’assurer qu’on respecte les échéanciers et qu’on respecte les coûts des projets », justifie la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, en entrevue au Devoir.

Elle affirme d’ailleurs que cette mesure a porté ses fruits : jusqu’à maintenant, 13,6 millions de dollars que des cégeps et des universités n’ont pas été en mesure de dépenser sont retournés dans les coffres du gouvernement malgré le plafond qui leur avait été imposé pour l’année 2024-2025. De ce montant, 6,3 millions de dollars ont été récupérés auprès de cégeps, sur des investissements destinés à leurs infrastructures plafonnés à 291,5 millions pour l’année.

« Ça veut dire que des cégeps n’utilisent pas l’enveloppe au complet de ce qu’on leur a permis d’utiliser, pour plusieurs raisons. Parfois, les projets ne sont pas prêts ou ils sont repoussés dans le temps pour mille et un facteurs », souligne la ministre.

« Il n’y a pas trop d’argent dans le réseau collégial », réplique la présidente-directrice générale de la Fédération des cégeps, Marie Montpetit. Elle voit plutôt dans ces sommes retournées à Québec une conséquence des « perturbations dans la planification des projets » occasionnées par le plafond imposé par le gouvernement.

Pascale Déry promet pour sa part que cet argent retourné à Québec sera « redistribué » dans le réseau collégial « au cours des prochaines semaines » afin de financer certains projets jugés urgents.

De nouveaux plafonds

La ministre précise d’ailleurs que des seuils d’investissements ont été récemment communiqués aux cégeps pour les trois prochaines années afin de faciliter le travail de planification de leurs projets d’entretien et d’agrandissement. Québec vient ainsi répondre à une doléance de la vérificatrice générale du Québec, Guylaine Leclerc, qui constatait, dans un rapport produit en mai dernier, qu’il est actuellement difficile pour les cégeps de « planifier des travaux sans être assurés qu’ils auront le financement pour les exécuter ».

« C’est un changement de culture important qu’on essaie d’opérer actuellement. Les collèges n’étaient pas habitués à avoir des seuils, mais ça nous permet de nous assurer d’avoir des projets mieux ficelés, de mieux accompagner les cégeps et de nous permettre à nous aussi de prévoir ce qu’on intègre au [Plan québécois des infrastructures], ce qu’on priorise », souligne la ministre.

Mme Montpetit salue la décision de Québec de fournir « une meilleure prévisibilité » aux établissements quant aux sommes qui seront à leur disposition dans les prochaines années. « Mais il faut que le financement disponible soit rehaussé significativement si on souhaite collectivement remédier au déficit de maintien d’actifs des cégeps », dit-elle. Autrement, « ça va nécessairement entraîner la réalisation de moins de travaux dans les années à venir » au sein du réseau collégial, dont les infrastructures vont continuer de se dégrader, prévient la p.-d.g. de la Fédération des cégeps.

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