1,3 milliard pour protéger la frontière

Des agents des services frontaliers du Canada fouillant un véhicule, à la frontière de Niagara Falls
Photo: Aaron Lynett La Presse canadienne Des agents des services frontaliers du Canada fouillant un véhicule, à la frontière de Niagara Falls

Le gouvernement Trudeau a confirmé des investissements de 1,3 milliard de dollars sur six ans pour protéger la frontière canado-américaine. Annoncée lors de l’énoncé économique lundi, cette somme semble s’inscrire dans une opération séduction ayant deux cibles : le président désigné des États-Unis, Donald Trump, qui veut imposer ses tarifs douaniers de 25 %, et la population canadienne, qui craint une augmentation des migrants si le voisin du Sud met à exécution ses politiques d’expulsions massives.

Sans entrer dans les détails, le gouvernement libéral a parlé d’un « train de mesures » visant à augmenter les sommes allouées à Sécurité publique Canada, à l’Agence des services frontaliers du Canada, à la Gendarmerie royale du Canada et à Santé Canada, afin de lutter contre le crime à la frontière et protéger le système d’immigration.

« Il est essentiel que les Canadiennes et les Canadiens continuent de croire en la sécurité des frontières ainsi qu’en la sûreté et en l’efficacité du système d’immigration », lit-on dans les documents de l’énoncé.

Pour ce faire, le gouvernement de Justin Trudeau entend renforcer d’un cran son contrôle de la frontière. Depuis mars 2023, le chemin Roxham est fermé et la nouvelle version de l’Entente sur les tiers pays sûrs a retiré la possibilité de demander l’asile en traversant à un endroit autre qu’un poste-frontière officiel, à quelques exceptions près. Les nouvelles règles de l’entente renégociée ne sont pas toujours respectées. Certaines personnes vivant le long de la frontière au Québec souhaiteraient que la frontière soit plus militarisée, comme l’a constaté Le Devoir lors d’une récente visite à la frontière.

« Nous montrerons clairement que les tentatives de contourner les points de contrôle à la frontière ou d’entrer sur le territoire par des voies illégales sont bloquées. Nous investirons dans des technologies de pointe, donnerons plus de moyens d’agir aux services d’application de la loi et veillerons à ce que seules les personnes autorisées à rester au Canada y demeurent », rappelle le gouvernement dans son énoncé.

D’autres politiques à venir

Selon Mireille Paquet, professeure et titulaire de la Chaire de recherche en politique de l’immigration de l’Université Concordia, ces investissements, qui serviront à durcir le ton à la frontière, viennent, sans grande surprise, répondre aux menaces tarifaires de Donald Trump. « D’un autre côté, il faut voir qu’on vient de rentrer dans une nouvelle ère par rapport à la question du durcissement de notre propre politique migratoire [canadienne] », dit-elle. Elle rappelle que le durcissement des politiques américaines pourrait créer de nouveaux mouvements de population, qui auront un effet direct sur le Canada, comme ce fut le cas lors du premier mandat de Donald Trump.

Par ailleurs, en ce qui concerne l’achat de technologies de pointe, Mme Paquet souligne que le Canada ne fait qu’emboîter le pas à plusieurs pays d’Europe, notamment à la France, qui ont décidé d’investir dans des outils de haute technologie, dont des drones. « C’est une nouvelle tendance d’avoir recours à la technologie pour la surveillance, et ça semble être une opportunité pour le gouvernement, qui doit gérer une frontière très longue et difficile à contrôler. »

D’autres annonces, notamment des changements dans les politiques d’immigration et d’asile visant à réduire le nombre de postulants, pourraient être faites d’ici Noël, a indiqué au Devoir le cabinet du ministre de l’Immigration, Marc Miller, de même que de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, qui a depuis été muté au ministère des Finances. Le ministre Miller avait déjà annoncé des réformes visant à réduire de manière importante le nombre de résidents permanents qui seront admis dans les deux prochaines années. Les délais de traitement pour les candidats à la résidence permanente et les demandeurs d’asile ont été jugés trop longs, et l’objectif du ministre est de les réduire.

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